Les dates. Le temps.

Il y a probablement diverses explications à mon affection toute particulière pour les dates. Certaines dates de ma vie. Cette attention toute particulière va de pair avec ma conscience aiguë du temps qui passe. Il y aura toujours personnellement, des 23 mai, des 14 avril ; collectivement, des 14 juillet, des 24 décembre... Bien entendu, il y a des musiques, des chansons, des livres, des plats, des lieux, des rencontres... qui évoquent eux aussi des moments, et par delà, un temps, le temps. Mais les repères calendaires sont comme mes "saints" à moi.

Il y aura surtout un temps d'octobre 1996 à août 2007. Ce temps de MisterNo. MisterNo est l'homme qui a le plus habité ma vie durant toutes ces années. Parole de ChonChon, il s'agit d'un homme exceptionnel. Lorsqu'un amour s'achève ou se transforme, on craint toujours des soubressauts dramatiques, des élans de tristesse insurmontables, et finalement, on manque d'imagination. Il y a un temps, inévitablement, après août 2007. Je crois pouvoir dire que cet après ne me déplaît pas.

J'ignore précisément et pourquoi, et comment, je ne hais pas cet après. J'ai cependant une intime conviction à ce sujet. Je pense que c'est précisément la conscience du temps qui passe qui m'a évité de détester cet après. Combien de fois ai-je entendu "tout est fini", mais rien n'est plus absurde. Tout continue. Même l'amour fâné continue. Il refleurira ailleurs. Il faut juste savoir regarder la vérité en face. Même la mort ne clôt rien définitivement.

J'aime cette façon calme, je déteste les façons hystériques. C'est dans les turpitudes, les aléas de la vie, qu'il faut rester calme. Et c'est d'une banalité que d'écrire ça : il en va de même des instructions face aux incendies, aux inondations, aux séismes. Rester calme. La calmitude, ce n'est certes pas la sérénité. Mais c'est un effort sur soi.

Je sais que tout continue, mue, évolue. Et même si rien n'est identique, tout est encore. Je ne pense pas que des choses merveilleuses puissent m'attentre, tapies je ne sais où, prêtes à m'offrir une vie entièrement nouvelle. Ma vie est neuve chaque jour depuis son aube. Changer, ce n'est pas cesser. C'est la raison pour laquelle je crois l'homme intéressant un précieux reflet du temps perçu. Changeant, irisé, multiple. Des temps ralentis, des temps ralentis.

Fallait-il exclure MisterNo de ma vie, ou me faire exclure de la sienne ? Je n'y ai pas cru, et je n'y crois toujours pas. Car rien ne vaut le temps. C'est peut-être à ça, à cette bien modeste connaissance, que je dois d'avoir la certitude d'avoir partagé la vie d'un homme extraordinaire, et de continuer, dans une moindre mesure, de la partager encore.

Il y aura d'autres laps de temps, d'autres morceaux de vie, peuplées ou non d'un autre grand amour, mais rien n'aurait pu justifier la destruction (l'illusion de la destruction) de ceux qui ont précédé. C'est ainsi que MisterNo, quand bon me semblera, continuera, au même titre que le temps qui passe, apparaîtra au fil des jours. MisterNo a la classe.

"Parce que c'était lui, parce que c'était moi." Montaigne.

Reste que ChonChon est un surnom au top du top, et que je suis fort aise de ne pas avoir de copyright à rétribuer !