Shotgun Stories
Dans une petite ville désolée du sud de l'Arkansas, trois frères, Son, Boy et Kid, âgés d'une bonne vingtaine d'années, n'ont plus aucun contact avec leur père depuis qu'il les a abandonnés dans leur enfance. Ce dernier s'est remarié et a eu d'autres enfants. Quand il meurt, les conflits étouffés depuis des années éclatent entre les demi-frères, déclenchant une spirale de violence mortelle.
C'est un premier film, et on a du mal à y croire, tant c'est maîtrisé ! La description de cette triste petite ville américaine, de ces trois frères taiseux, et de leur existence se fait grâce à une caméra discrète, qui sait prendre son temps. Elle parvient même à filmer l'amour très fort que se vouent mutuellement ces trois frères. Filmer des sentiments n'est pourtant pas chose facile. On palpe cette affection "sèche" qui ne s'exprime pas entre Son, Boy, et Kid.
Au contraire, leur haine commune pour leurs demi-frères, les autres fils de leur père, est dite. Avec des mots comme avec des coups.
Et le film va suivre le chemin d'une tension sans cesse grandissante, à vous clouer sur votre chaise. Y-aura-t-il un terme à cette escalade de violence ? Les trois frères s'en sortiront-ils indemnes ? Toutes ces questions impreigne le spectateur, grâce à tout le travail d'exposition du début du film. Ce sont vos frères, et vous les aimez.
Le réalisateur a réussi cette exceptionnelle prouesse, qui consiste à vous impliquer, sans avoir eu besoin auparavant vous forcer à vous identifier. Comme si vous étiez le quatrième frère taiseux de cette magnifique fratrie.
Si 2008 devait être à l'aune de ce film, ce serait magique !