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La Vie ChonChon
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3 janvier 2008

It's a free world !

Et quel monde libre !

Angie se fait virer d'une agence de recrutement pour mauvaise conduite en public. Elle fait alors équipe avec sa colocataire, Rose, pour ouvrir une agence dans leur cuisine. Avec tous ces immigrants en quête de travail, les opportunités sont considérables, particulièrement pour deux jeunes femmes en phase avec leur temps.

On comprend, et on est rassuré d'apprendre que nombre de pays européens ait participé au financement de ce film : Grande Bretagne, Italie, Allemagne, France et Espagne. Les doutes sur le monde tel qu'il va sont partout.

On connaît le cinéma de Ken Loach, et il sait, peut-être comme personne, filmer certains déshérités, et dénoncer les travers du capitalisme à tout crin, le profit pour le profit, de l'exploitation de l'homme par l'homme, etc... Rien ne vous sera épargné par Ken Loach, ni l'âpreté du travail, ni la difficulté de se loger, ni le désespoir des exploité, mais il n'utilisera jamais le misérabilisme. C'est très fort.

Ken Loach présente sa protagoniste principale qui se fait liciencier pour avoir trop manifesté son refus d'accorder des faveurs, de se faire tripoter. Et pour rebondir, elle décide à son tour, (comme c'est en vogue !) de monter sa propre affaire. Trouver des boulots d'intérim à des immigrés en situation régulière, puis les gruger un peu sur des offres d'hébergement, pour finir par exploiter des immigrés clandestins, une escalade où chaque coup de piolet s'enchaîne "logiquement" face à l'adversité, face aussi à ses difficultés personnelles.

Le réalisateur ne blâme pas Angie, il l'insère dans toute une mécanique néo-libérale. Elle a même du coeur, Angie : avec le jeune et beau Karol, Polonais contraint à se déclasser pour survivre ; avec aussi Mahmmour, cet opposant Iranien et sa famille à qui l'on refuse le statut de réfugié politique alors qu'il ira directement en prison s'il regagne son pays...

Là où le film est immensément puissant, c'est en refusant de montrer une caricature de riche patron exploiteur. C'eut été bien facile, d'épingler un coupable facilement désigné. Non, même celui qui emploie les intérimaires d'Angie se fait arnaquer par plus gros que lui.

Je crois que le film montre deux choses : 1) le néo-libéralisme (c'est à dire ce qui n'est pas le capitalisme rhénan, mais plutôt l'hyper-capitalisme anglo-saxon) diffuse les responsabilités à presque tous les niveaux de la société. 2) à partir du moment où l'on commence à accepter ce mode de société, c'est à dire en ne s'y opposant pas, on participe à une certaine destruction du monde, on a des reponsabilités, on endosse une part de culpabilité.

Un dernier mot sur l'interprétation, car Kierston Wareing (Angie), Juliet Ellis (Rose, son associée) et Leslaw Zurek (Karol, le beau polonais) en tête, mènent toute la distribution vers une interprétation parfaite.

"It's a free world !" : n'allez pas songer que le blus fort dans le titre, soit la référence à la liberté (free) pour dénoncer la liberté d'entreprendre, ou au monde (world) pour dénoncer la mondialisation. Non, le plus beau, le plus intense, je crois que c'est le point d'exclamation, avec tout ce qu'il suggère de soupirs...

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=130269.html

It_s_a_free_world

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