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22 octobre 2008

Jacques Mesrine

Jacques_MesrineUne figure des 70s. Il nous est donné de lire, dans bien des journaux, des propos fort étranges : nombreux se donnent la peine de rédiger des paragraphes et des paragraphes parce qu'un film sur Jacques Mesrine glorifierait ce voyou. Je ne veux pas ici parler du film, mais bien de la personne que fut Jacques Mesrine, de l'attrait qu'il semble susciter, et des cris d'orfraies qui nous insultent les tympans. Pourquoi donc s'indigner parce qu'un film va nous narrer la vie d'un hors-la-loi ? Bonnes gens, il en a toujours été ainsi, autrefois dans les journaux, et depuis un siècle sur les grands écrans. Le grand bandit - surtout s'il a réussi une évasion - symbolise, catalyse, par son pied de nez permanent au "pouvoir" le sentiment étrange que suscite la mise au ban par la société de bien des malheureux et bien des exclus. On voit toujours, chez le hors-la-loi, surtout le braqueur de coffres, le braqueur de banques, un fantôme de Robin des Bois. Nous eûmes les corsaires et les pirates, nous eûmes les contrebandiers, nous eûmes les mafieux de la prohibition... et il en sera toujours ainsi. Il n'y a ni à s'en féliciter, ni à s'en indigner. Et il est tout à fait logique que le cinéma s'empare de la destinée de ces grands voyous. Il y a là comme une catharsys. Les grands hors-la-loi sont comme des libérateurs de toutes les humiliations que peuvent ressentir (à juste titre ou non) bien des hommes, devant des nantis qu'ils perçoivent comme inébranlables. Le grand voyou est un repère. Depuis les années 60, et le début de la démocratisation de la télévision, ce phénomène s'est accentué. Et pour cause ! Le petit écran - la TF1 privatisée en tête - n'a jamais cessé de glorifier des flics qui n'ont suscité l'admiration que de spectateurs céréblalement amorphes : commissaire Moulin, Navarro, Julie Lescaut... Et trop c'est trop ! Le héros moderne n'est-il pas, auprès des jeunes, Scarface, ou un homme du même acabit ? Car le héros de la jeunesse (parmi d'autres) est - et doit rester - le voyou, le rebelle, le hors-la-loi. La jeunesse y reconnaît sa fougue, sa capacité à franchir les limites imposées. Ces héros sont rarement des modèles - les adolescents sont loin d'être des idiots - ils sont des symboles, passagers le plus souvent. Alors oui, un film sur Jacques Mesrine, c'est une excellent idée. Il est un des pères pittoresques que nous nous imaginons, pour tâter nos limites, pour rêver d'aventures insensées, pour excuses nos bêtises estudiantines. Enfin, j'ajouterai qu'il y a certes une élévation morale possible à étudier des Saints et des "grands hommes", mais à s'intéresser à des truands, nous nous sommes, collectivement, toujours haussés en conscience. Jean Genet en narrant les maisons de redressement ; Michel Foucault face au sort inhumain réservé aux prisonniers ; Robert Badinter en abolissant la peine de mort... Et il faudra encore bien des films sur les hors-la-loi, c'est à dire consacrés à l'étude de figures masculines majeures, dans cette société juponisée à l'extrême (ira-t-on plus loin que Sarkozy de ce point de vue ?), pour contribuer à nous hausser encore et toujours. Ce ne sont pas les films, ni les livres, qui font les truands. Ce sont les contextes sociaux, économiques, et politique ; les pannes permanentes de l'ascenseur social ; les ghettos ; les morales pudibondes de châtelaines ; les insipides indignations de grenouilles de bénitiers ; les mises au rebut continuelles des figures paternelles ; etc. Orfraies, silence ! Nous priver de nos bandits, c'est nous émasculer ! Et votre "morale" ne fera pas repousser nos couilles.
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