Le Bon, la Brute, le Cinglé

Western en Mandchourie. Les années 30 en Mandchourie. Le Cinglé vole une carte aux trésors à un haut dignitaire japonais. La Brute, tueur à gages réputé, est payé pour récupérer cette carte. Le Bon veut retrouver le détenteur de la carte pour empocher la prime. Un seul parviendra à ses fins, s'il réussit à anéantir l'armée japonaise, les voyous chinois, les gangsters coréens... et ses deux adversaires. Le cinéma Coréen ne cesse de nous livrer des pépites. En voici donc encore une, signée Kim Jee-Woon, dont j'avais aimé "Deux Soeurs", il y a quelques années. Ici, c'est un western d'un nouveau style, qui, à mon sens, a su digéré tous les codes du genre, et qui en plus, ne se contente pas de rendre hommage à ce genre. On sent aussi que le réalisateur connaît parfaitement les techniques d'un Sorderbergh , d'un Eastwood, ou d'un Tarantino, mais n'a pas de temps à perdre pour les plagier. Il va bien au-delà ! Et j'y ai même vu comme un pied de nez adressé à ces réalisateurs américains qui cessent parfois de filmer, pour se regarder filmer. Et c'est virtuose ! Peu importe l'histoire, et peu importe les profils psychologiques, avec lesquels le réalisateur prend toutes les libertés : la Brute n'est qu'une espèce de minet pour minette qui aurait un peu piqué dans la garde-robe de Matrix ; le Bon est tout à fait insipide avec son look et son accompagnement musical qui place le vieux Clint au rayon des ringards tant la référence est évidente. Enfin, il y a Song Kang-Ho, immense acteur, qui incarne le Cinglé, personnage particulièrement réussi, plein de recul et de second degré. J'admire cet acteur pour l'ensemble de son travail : "Secret Sunshine" de Lee Chan-Dong ; "Memories of Murder" et "The Host" de John-Ho Bong ; et le magnifique "Sympathy for Mr Vengeance" de Park Chan-wook. Sa prestation est ici en tout point remarquable, et emporte le film dans un flot de scènes ébouriffantes autant qu'amusantes. Oui, ce film est une réussite : les gun-fights sont dignes de John Woo, le rythme est digne d'une guitare de mariachi, et l'absurde frise l'inénarrable style belge. Un excellent film, coupe-morosité.