Eartha Kitt

Hier, maman est morte. Je paraphrase Albert Camus, pour dire que je suis touché par le décès de Eartha Mae Kitt, "The most exciting woman in the world" selon Orson Welles. Musique, cinéma, théâtre, cabaret... sa carrière fut absolument étonnante. L'an dernier encore, à plus de 80 ans, elle était sur la scène du très prestigieux Carnegy Hall. Une carrière couronnée d'une multitude de Tony, Emmy et Grammy Awards. Non, ce ne fut pas seulement une piètre icône disco comme tant d'autres. Elle est aussi pour toujours LA seule Catwoman, tandis que les pauvresses vinylées et latexées Michelle Pfeiffer et Halle Berry peuvent aller se rhabiller en jean ! Elle fut aussi Hélène de Troie pour le génial Orson Welles, elle donna la réplique à Sidney Poitier comme à Sammy Davis Jr sur les planches, etc... Une immense artiste. Si je dis "maman", c'est bien parce qu'elle a toujours revendiqué, (au même titre que Judy Garland), une certaine "trash attitude", et qu'elle a toujours assumé un comportement excentrique et provocant, qu'elle était dotée d'une sincère compassion pour les déshérités. Jamais nous ne retrouverons tel modèle. J'ai toujours aimé son image de "vieille peau", très Gloria Swanson dans "Sunset Boulevard". Il y avait de la torch singer dans son comportement comme dans sa voix, et elle n'a jamais considéré les homosexuels comme une clientèle juste bonne à lui remplir son bas. Toujours copiée, jamais égalée. Unique, grandiose, faussement vulgaire, complètement superficielle. Aussi ultime qu'un travelo ! Bye bye, Eartha Kitt.