J'aime les livres !
Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours aimé la lecture, les livres. Ensuite, j'ai été encouragé, par mes parents, puis par l'ensemble de mes professeurs, à lire, pour apprendre, découvrir le monde, appréhender la nature humaine. J'ai toujours vu dans les livres bien davantage qu'une possibilité de divertissement ou d'évasion : une protection. Et au fil du temps, le goût se forgeant, se précisant, j'ai choisi presque malgré moi, des livres "protecteurs".
Lire, c'est se protéger, d'abord de l'immense fléau de l'ignorance, ensuite de la possible chute vers une "pensée unique". Il est évident qu'en multipliant les lectures, les auteurs, on multiplie les points de vue, et on s'arme à la réflexion. Tout ceci est bien banal.
A la télévision, à la radio, et même au sommet de l'Etat, j'entendais citer des romans, des essais, des auteurs de tous horizons. Rien ni personne ne m'a découragé de mon goût pour la lecture et les livres, bien au contraire. J'ai été tantôt enchanté, tantôt déçu, mais j'ai toujours appris. J'ai même appris à détester certains points de vue, certains styles, certaines idées, certains auteurs, tandis que j'apprenais en aimer d'autres toujours davantage.
Mais il me semble que "les choses" ont changé. Certes, ça ne veut pas dire grand chose, "les choses". Je dirais donc que notre environnement culturel a changé, au détriment des livres. De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac. Au sommet de l'Etat, des lecteurs. Des hommes, chacun à sa façon, et quoi qu'on puisse penser d'eux, pétris de lectures et de références, nourris par de grands penseurs. Ce ne sont pas là des hommes qui m'ont directement poussés à la lecture, mais émanait d'eux comme un tacite assentiment. Comme si j'avais senti qu'eux aussi, si forts fussent-ils, avaient trouvé un certain réconfort dans les livres.
Maintenant, c'est Sarkozy. En ce qui me concerne, rien ne changera, je continuerai d'aimer les livres. Mais cette homme qui s'agite constamment et ne cesse de parler me paraît honnir les pensées profondes. Je me demande parfois s'il ne veut pas qu'on l'écoute et qu'on le regarde pour que nous ne lisions pas. En effet, il y a un danger dans les livres : ils éclairent.
Toute cette "pipolisation" de la politique nous rapproche des looks, des slogans, et plus globalement du populisme, en nous éloignant de la diversité des pensées et des points de vue. Oui ! A lire, on ébranle ses convictions parce qu'on apprend la complexité des hommes et du monde. On apprend à voir avec d'autres yeux que les siens. C'est l'acceptation de cet éventuel "danger" de la remise en cause des acquis qui est admirable.
On se dit parfois "j'avais tort". Et alors ? Ne jamais cesser d'apprendre, de découvrir, n'est-ce pas là une piste probable de notre éventuelle utilité dans ce monde ? Sarkozy agite, certes, mais il n'agite que lui-même.
Les livres nous remuent, nous secouent : il ne cessent de nous dire que nous sommes vivants. Son agitation n'est que mort, tandis que la fausse immobilité des livres, c'est la vie.
La littérature, toujours la littérature, pour ne pas rester dans l'ombre.