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28 janvier 2009

Jeudi noir ?

MobilisationMobilisation Générale.

Cela fait presque partie de notre patrimoine national depuis 1789 : la manifestation. Il y aura eu 1830, 1848, 1936, 1968, 1995 parmi bien d'autres années, qui évoquent une partie de la population française battant le pavé. C'est ainsi.

"Désormais en France, lorsqu'il y a une grève, personne ne s'en aperçoit". Malheureuse phrase de Nicolas Sarkozy, qui aura probablement blessé une population qui ne comprend pas la crise actuelle, et qui n'entrevoit pas d'avenir meilleur. C'est normal, puisque même les meilleurs économistes, même les "experts", ne connaissent l'ampleur de cette crise, sa durée probable, et les solutions qui permettraient d'y mettre fin.

Ce que les média ont d'ores-et-déjà le mauvais goût d'appeler un "jeudi noir", est un jour qu'il convient d'étudier, et d'analyser, un peu plus profondément, en allant au-delà de cette misérable sentence. Globalement, 70% des Français approuvent cette mobilisation de demain. S'y conjuguent tout un ensemble de revendications, simplement pour dire que la population ne croit guère aux réformes du gouvernement face à cette crise. Et même ce gouvernement avoue "comprendre" un tel mouvement. Il y a en lui quelque chose de "religieux". Il y va d'une certaine procession, comme d'un long défilé mortuaire, pour dire sa colère, certes, mais aussi sa désespérance.

Tous les syndicats, presque tous les partis politiques, mais aussi des associations, des organisations civiles... J'y vois bien plus loin qu'un simple mécontentement face à un pouvoir. En effet, on peut comprendre cette réunion de gens dans la rue comme un exutoire, comme une remise en cause de tout ce que l'individualisme et l'égoïsme imposés depuis le sommet de l'Etat, et une voeu de retour à un sentiment d'appartenance à une "collectivité" nationale. Ce jeudi 29 janvier 2009 pourrait simplement signer un retour à une forme de solidarité.

Depuis quelques années on a assisté à un repli sur l'idée de "famille", de cellule familiale. Cette expression "cellule familiale" porte en elle ses limites. Qui saurait se contenter durablement d'une simple "cellule". Et c'est bien tout un tissu solidaire qu'il faut tisser de nouveau. TF1 a beau ne parler que de météo pour anesthésier les ressentiments les plus divers, rien n'y fait, l'homme voit plus grand, car il a besoin de plus vaste. C'est sa nature. Cet espace, il le trouvera, demain, dans SA rue.

On peut considérer que c'est maladroit, inutile et illusoire, ça ne change rien. L'homme veut "sentir" l'autre, proche de lui, avec lui, marchant à ses côtés, d'une grande place parisienne, vers une autre grande place parisienne. Renaît en lui la conviction que l'union saura produire suffisamment de force pour amener le gouvernement à faire un geste pour améliorer un peu son pouvoir d'achat.

Alors non ! Ce jeudi n'est pas à considérer comme un "jeudi noir". Il peut s'agir du lent réveil d'une immense masse endormie, endolorie, qui entend bien participer à la lente marche du monde. Un bon vieux jeudi, comme ceux des semaines d'antan, où les gosses allaient s'ébrouer librement, hors les murs de la classe.

Alors non ! Ce n'est peut-être pas un jeudi noir. C'est peut-être un jeudi de résistance et d'espoir.

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