Les Classes Moyennes

J'en ai soupé, des "classes moyennes" !

Je ne peux plus allumer la radio ni la télévision (car c'est moins le cas dans les journaux) sans qu'on me parle du grand malheur que subissent actuellement les classes moyennes. Déjà, j'apprends qu'elles sont plurielles, sans que je sache ce que ça signifie. Probablement des "moyennes basses", des "moyennes moyennes" et des "moyennes hautes", mais je présume peut-être un peu vite. Grosso-Modo ce doivent être les personnes qui gagnent près de 1500 euros par mois. Rien de bien précis cependant. Et pour que je sache enfin ce que cette expression recouvre exactement, je vais devoir m'infuser je ne sais combien de pages indigestes d'éminents experts.

En tout cas, je l'ai bien compris, il faut ABSOLUMENT aider les classes moyennes, sinon... sinon... Sinon je ne sais même pas, mais vu le ton, je sens que sinon ça va barder ! Aider et soutenir les classes moyennes c'est la priorité des priorités. Au bout de 15 fois par jour, ça finit par entrer dans la tête !

=> Mais, car il y a toujours un "mais", cette affaire me titille : depuis que je suis gamin il me semble que nous avons toujours été attachés, en France, à s'occuper en priorité, des plus pauvres et des plus démunis. Et mes professeurs d'économie ont toujours semblé valider cette attitude gouvernementale, chacun selon sa pondération intimée par son idéologie politique. Cependant je n'ai pas le souvenir d'un seul professeur contestant ce devoir. A un moment, j'ai senti un glissement sémantique, et ce que nous appelions "solidarité" et peu à peu devenu - probablement dans le cadre d'une droitisation de la politique - "assistanat". On aurait pu dire "assistance", mais non, on a bien dit "assistanat", et on nous l'a administré en intra-veineuse, comme si chacun de nous, désormais, était spolié pour engraisser des meutes de fainéants. Surtout ces malheureuses classes moyennes, pensez donc ! Et de voir défiler sur TF1 toutes ces "classes moyennes", aux infos, chez Delarue, dans les jeux TV débiles, partout ! Partout des "classes moyennes" ! Un auteur ? Un philosophe ? Un chercheur ? Pas la place - si ce n'est la nuit - parce qu'il y a tant de "classes moyennes" à recevoir...

=> Mais pourquoi partout et tout le temps ces "classes moyennes" ? Sont-elles si passionnantes ? Ont-elles tant de choses instructives à raconter ? La feuille de paie indiquerait 1500 euros nets, et ce serait le sésame pour passer à la télévision ? STOP ! Parce que je vous le dis comme je le pense, trop souvent à mon goût, ce n'est pas seulement la rémunération qui est moyenne, c'est aussi la pensée ! C'est ça, leur secret, aux "classes moyennes" : elles détestent les pauvres, et elles votent à droite, voire très à droite !

=> Je n'ai jamais méprisé, et je ne mépriserai jamais les gens modestes. Mais j'ai des difficultés à constater qu'on les embrigade, on les avilit, on les instrumentalise, jusque dans des émissions de divertissement, à des fins politiques plus que nauséeuses. Maintenant, je crois que ça suffit, on a assez entendu les "classes moyennes" ! Elles n'ont rien à nous dire ou si peu. La télévision (et même trop souvent le mauvais cinéma), que je sache, n'est pas un miroir, et ce n'est pas un média fait pour que "les classes moyennes" regardent des "classes moyennes" à perte de vue.

=> Que la télévision nous montre autre chose. Plein d'autres choses. Et une fois, une seule, des pauvres, des miséreux, des poubelles, des malades, des handicapés, des prisonniers, des fous, etc. Les "classes moyennes" resteront sur leurs canapés à regarder et à écouter, et enfin peut-être, elles se tairont. Ensuite, nous verrons des films, des reportages intéressants, des émissions culturelles pas intello, etc...

Et enfin les "classes moyennes" retrouveront les élans de générosité et de solidarité qu'elles avaient autrefois.