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La Vie ChonChon
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1 mars 2009

Bellamy

BellamyTranquilles méandres Comme chaque année à la belle saison, le commissaire Paul Bellamy vient séjourner à Nîmes dans la maison de famille de sa femme Françoise qui rêve de croisières au bout du monde... Paul ne peut se passer de Françoise, mais il déteste les voyages. Un double prétexte le cloue sur place : l'arrivée inopinée de Jacques son demi-frère, aventurier au petit pied, porté sur la bouteille ; et l'apparition d'un homme aux abois qui lui réclame sa protection. Dans son désir empathique d'aider les uns et les autres, si possible en restant sur place, Paul leur consacrera son temps et ses efforts. Sa curiosité naturelle à enquêter y trouvera son compte. Sa position de frère aîné lui donnera davantage de fil à retordre... L'homme aux abois dont Paul va s'occuper, c'est Noël Gentil, un quadragénaire effrayé qui se terre dans un motel des faubourgs. Endetté jusqu'au cou, dans l'impossibilité de payer les crédits de la maison où vit son épouse, il se ronge de ne pouvoir honorer la promesse faite à sa maîtresse de l'emmener au bout du monde. Noël Gentil craint la police. Il craint de se montrer. Il craint d'avoir tué. Qui ? Il ne dit pas. Cantonné dans l'angoisse et les approximations, il intéresse Bellamy au plus haut point... C'est une enquête en solo que Paul va mener, secondé par Françoise son épouse, que l'histoire stimule et mobilise, redonnant par la même occasion un coup de fouet à leur couple tandem dont Jacques le frère cadet, amoureux de Françoise et envieux de son frère, est horriblement jaloux... Il est plus facile d'aider les autres que les membres de sa famille, c'est une des clés du film... Toujours ravi d'aller voir chaque année le nouvel opus de Claude Chabrol, tant il sait bien titiller la petite bourgeoisie provinciale, de son unique façon moqueuse et pince-sans-rire. Cinéaste malicieux, il sait toujours montrer sans ostentation les petits travers de nos contemporains, et c'est délectable. Ce film-là, dont l'intrigue peut sembler plate, va crescendo, au rythme lent des pas de ce Bellamy/Depardieu, dont la bonhomie n'est qu'apparente. Les dialogues sont ciselés, sans jamais tomber ni dans la caricature, ni dans la prouesse. Ils sont animés par ce qu'il faut de ciselage et d'ironie pour retenir toute l'attention. Le tout est encadré par une mise en scène elle aussi discrète et sans effets, en parfait contrepoint de notre monde actuel. Les dialogues sont servis par une distribution de premier choix : un Gérard Depardieu aussi bon que chez Téchiné, Clovis Cornillac en petit frère qui porte sur lui dès sa première apparition son tragique destin, Jacques Gamblin en arnaqueur stupide mais touchant ; et les délicates et faussement effacées Marie Bunel et Marie Matheron. Le thriller est ici avant tout le prétexte à la lente découverte de ce qui tourmente Paul Bellamy, de ce qui se cache derrière son apparent détachement et son confortable embonpoint, sans aller puiser dans des motifs psychologiques inutilement complexes ou dramatiques, comme c'est trop souvent le cas au cinéma. La partition chabrolienne de 2009 est l'une des meilleures de sa carrière. Il parvient ici à nous proposer une mise-en-scène d'observateur discret, effacé presque, mais dont l'oeil est vif. Aux temps déjà démodés de "l'action pour l'action", Claude Chabrol répond par ce qui s'apparente à de la nonchalante contemplation, sachant ne rien perdre de son esprit aiguisé.
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