Le Petit Déjeuner...

... une épreuve redoutable.

Si en amour, "le plus beau moment, c'est quand on monte l'escalier", le petit déjeuner reste une épreuve redoutable. Selon moi. Et c'est valable pour les amours durables comme les plus éphémères. Ce n'est pas au petit matin, au réveil, que je peux me considérer au faîte de ma beauté, ce qui est déjà bien agaçant. Et même si la nuit fut aussi digne qu'une superbe corrida, je n'en deviens pas pour autant amnésique.

La chance a voulu que je me réveille presque toujours AVANT. Sous-entendu avant mon amant. C'est mon côté "Torch Song Trilogy". J'ai donc souvent la possibilité de me sortir du lit, d'aller me rafraîchir la face, de me laver les dents, et de revenir me coucher ou me blottir, dans la position qui me paraît la plus adaptée. C'est ainsi, plus je suis superficiel, plus je suis naturel.

Quand SuperU (je donne toujours des surnoms sur mon blog) a débarqué chez moi, c'est bien ce qui m'a le plus tracassé : ma gueule chiffonnée du petit matin (il est un âge où le crépuscule sied mieux que l'aube), et l'épreuve du petit déjeuner. Bon, déjà, il faut dire que SuperU est taillé dans le marbre, sculpté comme un dieu, sans une once de gras, doté d'un sourire Email-Diamant des plus ravageurs, et que les quelques années qu'il compte de moins que moi lui assurent des réveils fort peu chiffons. Ouf ! Je me suis réveillé avant. J'ai pu effectuer mes menus travaux faciaux et me ré-installer au lit dans une des mes positions les plus affriolantes et spontanées, sans réveiller cet Antinoüs.

Je fus donc paré pour le premier round. Restait le petit déjeuner. Il y a tant de redoutables conversations du "lendemain matin" ! SuperU étant un grand sportif, s'entraînant quotidiennement ou presque, il s'astreint à un petit déjeuner des plus caloriques, qu'il prépare. Et comme pour en ajouter un peu davantage, il est d'origine allemande, (et peut-être aussi eu-égard à mon surnom), j'ai eu droit, outre le café et les tartines, aux oeufs frits et aux bonnes saucisses ! Bon, ce n'est pas dans mes habitudes, mais je suis ouvert à toutes les fantaisies. Et au vu des fringues jonchées sur le sol, je me souvint que la veille au soir je ne fis point la fine bouche, si j'ose dire. Alors va pour la saucisse de Francfort matinale. Devant mon contentement, SuperU fut ravi de ce qu'il m'avait préparé, et a su babiller en toute légèreté. Rien de pesant dans sa conversation matinale.

Je n'ai pas eu peur de me recoucher, de me voir gratifier d'un rab de saucisse, de me rendormir, blotti et repu, bien au chaud dans ses bras, et de faire fi de ma tête au réveil suivant.