Mai, le mois du Désir.

Au Forum des Images, à Paris. Ce mois-ci, les films qui sortent sont peu attrayants. C'est le vide pré Festival de Cannes qui en est à l'origine. Les meilleures sorties arriveront après le Festival. Alors je me suis tourné vers le "Cycle Désir" qui se tient au Forum des Images, dans le Forum des Halles, à Paris. Certes, je n'y découvre pas de films, mais j'y revois sur grand écran, quelques chefs d'oeuvre. Et la programmation est à la hauteur ! Je me régale, et lorsque je sors du boulot, je file parfois directement à Chatelêt pour ma petite dose de désir... "Furyo" de Nagisa Oshima (1983) ; "La Femme de Seisaku" de Yasuzo Masumuro (1965) avec l'inoubliable Ayako Wakao ; "Jamon Jamon" de Juan José Bigas Luna (1992) ; "La saveur de la pastèque" de Tsai Ming-liang (2005), l'époustouflante comédie musicale juteuse et fruitée ; "L'homme blessé" de Patrick Chéreau (1982), co-écrit par Hervé Guibert, avec le regretté Vittorio Mezzogiorno en objet de désir ; "Noir et Blanc" de Claire Devers (1986) d'après le génial Tennessee Williams ; "Corps à coeur" de Paul Vecchiali (1979) où le Requiem de Fauré devient fascinant ; "La chatte à deux tête" de Jacques Nolot (2001), un chef d'oeuvre interlope ; "Mala Noche" de Gus Van Sant (1985), la perfection ; "La Captive" de Chantal Akerman (2000) avec un Stanislas Mehrar plus Proustien que jamais ; "Crash" de David Cronenberg (1996), troublant ; "The Brown Bunny" de Vincent Gallo (2004) ; "New Rose Hotel" d'Abel Ferrara (1999) ; "The Pillow Book" de Peter Greenaway (1995) ; "Twenty Nine Palms" de Bruno Dumont (2003), génial ; "O Fantasma" de Joao Pedro Rodrigues (2001), un de mes préférés, sur l'animalité de l'homme ; "Batalla en el cielo" (2005) de Carlos Reygadas ; "Novo" (2002) de Jean-Pierre Limosin ; "Les Chansons d'Amour" (2007) de Christophe Honoré, et le goût des crêpes au citron ; "L'Histoire de Richard O" de Damien Odoul (2006), presque priapique ; "Blissfully Yours" d'Apichatpong Weerasethakul (2002), un prodige venu de Thaïlande ; "Voici venu le temps" d'Alain Guiraudie (2005), poésie du Sud-Ouest ; "Les Amours d'Astrée et de Céladon" (2007) d'Eric Rohmer. Et je m'en tiens à ce que j'ai vu, car il y a bien d'autres films présentés. Avoir placé ce mois de mai sous le signe désir, en pleine période d'atonie, de lassitude, et de tristesse n'aurait pas pu mieux tomber. Parler de désir revêt presque d'une attitude politique en cette période. Son champ est large, son chant est inépuisable.