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13 septembre 2009

A propos d'Elly

A_propos_d_Elly

La place des femmes en Iran.

Un groupe d'amis étudiants, certains avec leurs enfants, passe des vacances dans une vaste demeure au bord de la mer Caspienne. Sepideh, qui s'est occupée de l'organisation, a décidé d'inviter Elly, en espérant que celle-ci ne soit pas indifférente au charme de son ami Ahmad, qui sort tout juste d'une rupture. Les vacances se passent dans la bonne humeur, jusqu'à la soudaine disparition d'Elly alors qu'un des gosses se noyait... Est-elle morte en essayant de le sauver, ou s'est-elle enfuie ?

Le touche à tout Asghar Farhadi (chef décorateur, costumier, producteur, scénariste, réalisateur) nous propose un film sur l'archaïsme de la condition féminine en Iran, sur la place mouvante et contradictoire de la femme selon qu'on la regarde à l'intérieur de la cellule familiale et du "clan", ou à l'extérieur.

Mais le film n'est pas que cela. Déjà, il démolit littéralement l'image "contemplative" du cinéma iranien. Ici, c'est un thriller psychologique fascinant, d'une rare intensité, accentuée par une mise en scène fluide, qui ne s'interpose pas entre l'écran et le spectateur.

Quelques scènes sont presque paroxystiques, à couper le souffle, notamment celle où les hommes plongent à l'eau pour retrouver le gamin dans la mer déchaînée pour le sauver, ce qu'il parviendront à faire. Cela vous colle à votre fauteuil.

Le film est aussi une réflexion sur les petits mensonges que doivent imposer les femmes pour échapper à une morale à dimension variable, dans un Iran qui réclame une certaine émancipation mais qui peine à se hisser au-dessus de ses archaïsmes. Pas facile, dans un pays qui semble connaître une timide libéralisation des moeurs. Voilà qui a une résonnance particulièrement aiguë au regard des événements récents.

La distribution est excellente. Impossible de ne pas évoquer l'extraordinaire interprétation de Goldshifteh Farahani (déjà vue chez Farhadi et Kiarostami notamment), actrice iranienne engagée qui refuse de porter le voile, et qui dans ce film porte toute la complexité de la condition des femmes, mais aussi toutes nos contradictions. Elle mérite une belle carrière internationale. On notera aussi Shahab Hosseyni (Ahmad), sorte de Colin Farrel iranien qui s'affirme par une très belle présence.

Bravo au jury du Festival de Venise qui a primé très justement ce film qu'il faut aller voir pour découvrir l'Iran d'aujourd'hui. Cet Ours d'Argent est aussi cinématographique que politique, et amplement mérité.

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