Persécution

La difficulté d'aimer.

Un inconnu. Daniel, 35 ans, est poursuivi par un inconnu qui s'introduit chez lui régulièrement et l'espionne systématiquement. Comment ce garçon est-il entré dans la vie de Daniel ? Daniel lui-même ne s'en souvient pas. Un jour cet inconnu se poste devant lui, le regarde et lui dit : "Tu es l'homme de ma vie". Daniel le chasse. Une femme. Daniel vit seul, mais il va deux ou trois fois par semaine chez Sonia, cette femme qu'il persécute et idéalise en même temps. Il ne lui passe rien et vit dans une dépendance affective totale à son égard. Cette femme lui donne tout ce qu'elle peut mais elle travaille beaucoup, et a peu de temps pour elle. Elle veut aimer Daniel et vivre une vie autonome, un amour apaisé, mais il s'acharne à lui réclamer plus...

Patrice Chéreau ouvre son film par une scène d'une grande violence, dans le métro, où s'inscrit tout un univers social, qui symbolise presque notre époque. Une scène qui nous annonce ce que sera "Persécution". Dès lors, toute la sécheresse humaine vous tiendra au coeur tout au long du film.

C'est magnifiquement mis en scène, photographié et joué. Même les seconds rôles sont superbement tenus : Gilles Cohen, Michel Duchaussoy, Tsilla Chelton, Hiam Abbas, Alex Descas. Quant aux trois protagonistes principaux, incarnés par Romain Duris, Charlotte Gainsbourg et Jean-Hugues Anglade, Patrice Chéreau les somme sans pitié de donner leur maximum, à flux tendus, et ils sont irréprochables.

La difficulté d'aimer, centrée sur ceux qui aiment trop, sur ceux qui aiment mal, est confinée dans une dramaturgie très resserrée, laissant entrevoir que jamais le réalisateur ne s'est jamais autant livré. Et c'est bouleversant.

Alors, même si ce film semble peu aimable, il mérite absolument d'être aimé : c'est tourmenté, puissant, captivant, presque envoûtant. Et il ne faut pas hésiter à se laisser aller dans cette valse hystérique, dont la violence est la sève nourricière. Du magnifique Chéreau.