Guillaume Gallienne

"Les Garçons et Guillaume, à table !"

Ce sociétaire de la Comédie Française d'un peu moins de 40 ans est un homme passionnant. Très présent sur scène, il l'est aussi à la télévision, et sait nourrir de savoureux personnages de second rôle au cinéma.

Parmi les films dans lesquels je l'ai vu, il y a "Fauteuil d'Orchestre de Danièle Thomson en 2006 ; "Mon Colonel" de Laurent Herbiet en 2006 (magnifique film !) ; "Le Candidat" de Niels Arestrup en 2007 ; "Musée haut, musée bas" de Jean-Michel Ribes en 2008 ; "Sagan" de Diane Kurys en 2008 ; et il me tarde de le retrouver dans "Ensemble nous allons vivre une très belle histoire d'amour" de Pascal Thomas cette année.

Glanant des cadeaux de Noël, alors que j'étais à La Librairie de Paris, Place de Clichy dans le 18ème arrondissement, j'ai tout de suite été attiré par "Les Garçons et Guillaume, à table", la pièce qu'il a écrite. Le sociétaire de la Comédie-Française se lance, pour la première fois, dans une entreprise autobiographique afin de dissiper quelques malentendus... Sur le mode de la stand-up comédie, seul en scène, interprétant tous les personnages, Guillaume Gallienne évoque avec un humour féroce divers épisodes de sa vie. Ce fut mis en scène par Claude Mathieu, et le texte a paru aux éditions Les Solitaires Intempestifs.

Ça commence par un séjour linguistique en Espagne. Le jeune Guillaume se retrouve à danser la sévillane, en levant la jambe, comme une fille. Ce qui n’est pas pour lui déplaire : "Merci Pilar, tu n’imagines pas ce que ma mère va être heureuse !"  Dès la première scène, l’abattage de Guillaume Gallienne fait mouche. Il a joué à la fille pendant quinze ans, avec la complicité de sa mère, "parce que ça nous arrangeait bien tous les deux, elle pour avoir une fille et moi pour me différencier de mes frères… pour me distinguer !". Son histoire familiale, Gallienne la sublime en roman d’un acteur, qui ne tourne ni au règlement de compte ni à l’eau de rose.
Il fait défiler avec brio une galerie de personnages, passe de l’un à l’autre en un clin d’oeil. Les femmes occupent une place particulière dans son panthéon intime, celles de sa famille mais aussi toutes les autres : "Ainsi, je les ai tous appris… tous les souffles, toutes ces respirations qui faisaient battre mon coeur à l’unisson avec les femmes." Dans cette quête d’identité sexuelle, Gallienne n’échappe pas à son sens de la satire. Entre une visite médicale pour se faire réformer du service militaire, une cure en Bavière, un match de rugby et un plan gay avec un Suédois monté comme un cheval qui tourne au fiasco, le ridicule ne tue pas, il fait rire. Au lieu de faire du sport, Gallienne a choisi de faire du théâtre. Il a bien fait.

Je ne suis pas bien riche, et donc, j'ai peu d'amis, faute de moyens. Les amis sont si chers, de nos jours ! Heureusement il en va des amis comme des pères, on en a de fantasmés. Guillaume Gallienne est donc un de mes amis. Cela ne date évidemment pas de ce texte, mais aussi des livres-audio qu'il a enregistrés, partageant son goût pour la littérature : l'intégralité de Proust ou presque, Beaudelaire, Stendhal, Dumas. Et aussi, il y a "ça ne peut pas faire de mal", tous les samedis de 18H à 19H sur France Inter, où là aussi il partage des extraits d'oeuvres littéraires.