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25 janvier 2010

Les Barons

Les_BaronsDe l'art de glander +, pour vivre +...

"Pour être un baron, dans la vie, il faut être le moins actif possible. Le baron le plus ambitieux, c'est moi Hassan. Mon rêve c'est de faire rire. Mais "blagueur", pour mon père, c'est pas un métier. Le deuxième problème c'est Malika, la star du quartier dont je suis amoureux depuis des années. Et Malika, c'est la soeur de mon pote Mounir. Lui, il voudrait qu'on reste des barons, à vie. Ce qui colle pas avec mon but. Parce que pour réussir, il faut quitter le quartier, mais on ne quitte pas le quartier, on s'en évade."

Ce premier film de Nabil Ben Yadir est un petit miracle : on se demande en effet comment le réalisateur est parvenu à le financer, et on devine les difficultés qu'il a rencontrées. Et son film est un bijou, comme la Belgique, décidément, nous en propose de plus en plus.

Il faut, pour ceux qui l'ont vue, oublier la bande-annonce, qui ne reflète pas toute la qualité de ce film. C'est une bonne comédie, touffue, profuse, rythmée, dont la mise en scène est imaginative, et dont le propos ne manque pas du tout de pertinence. Seile l'histoire d'amour est moins réussie, mais ça ne "plombe" pas du tout le film.

Nabil Ben Yadir se moque sans vergogne des stéréotypes et des conventions, et, derrière son ton alerte, parvient à construire un propos social, culturel et humain très intéressant, sans jamais être pontifiant. Un camouflet belge à l'affligeant débat sur l'identité nationale.

Les interprètes principaux sont peu connus, mais leur abattage gagne à l'être : Nader Boussandel, Mourad Zeguendi, Julien Courbey sont drôles à souhait. L'éternel second rôle Jan Declair reste culte, et sa réplique "c'est pas avec des types comme ça qu'on va récupérer le Congo" m'a beaucoup fait rire. Edouard Baer reste Edouard Baer, toujours détaché. Dans une apparition Virginie Efira est impeccable dans un morceau d'anthologie. Fellag, en "téléphone arabe", toujours impeccablement vêtu, et facétieux à souhait.

Il ne faut pas hésiter une seconde à aller voir ce premier film, parce qu'il sort des sentiers battus, parce qu'il est intelligemment drôle, parce qu'il est une bulle d'oxygène, et parce qu'une comédie réussie, c'est rarissime. Et parce qu'on lui a fait une petite place, on découvre que l'humour beur-belge est un délice, et qu'il est loin d'être idiot, et surtout loin d'être vulgaire, lui !

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