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14 mars 2010

Achille et la tortue

Achille_et_la_tortuePeindre, envers et contre tout.

Voici le troisième film de réflexion de Kitano sur sa condition d'artiste, après "Takeshi's" en 2005 et "Glory to the Filmmaker" en 2007.

Machisu, un peintre sans talent, persiste depuis son enfance, à vouloir exercer son art...

Takeshi Kitano est un maître du cinéma, même si ces dernières années, depuis "Zatoïchi" en 2003, il ne nous avait pas enchanté comme par le passé. Mais tout de même, quelle filmographie ! "Violent Cop" en 1989, "Jugatsu" en 1990, "A scene at the sea" en 1991 (que j'adore et qui me touche particulièrement !), "Sonatine" en 1993 (toujours copié, jamais égalé !), "Kids Return" en 1996 (à pleurer !), "Hana-Bi" en 1997 (parfait !), "L'été de Kikujiro" en 1999, "Dolls" en 2002 (sublimissime !). J'ai tout vu, et j'ai tout aimé. Kitano est un maître incontestable.

Comme acteur, et depuis 1984 dans "Furyo" de Nagisa Oshima, à "Blood & Bones" de Yôichi Sai en 2004, en passant par "Tokyo Eyes" de Jean-Pierre Limosin en 1998, "Tabou" de Nagisa Oshima en 1999, et "Battle Royale" de Kinji Fukasaku en 2000, il est tout aussi passionnant.

J'ai été heureux de constater que "Achille et la tortue" nous présente un Takeshi Kitano, sinon à son niveau d'excellence, au moins à un niveau très remarquable. Ce peintre naïf, égoïste, et obstiné, dans une mise en scène qui nous propose une économie narrative parfaitement maîtrisée, est aussi animé d'une surprenante sensibilité, qui ne vire jamais au sentimentalisme.

D'évidence, Machisu est une métaphore du réalisateur soi-même, présenté dans une ambiance mortifère autobiographique. Il s'agit bien ici de la place de l'artiste dans notre société, et évidemment de celle du cinéaste. C'est brillant, intemporel, universel.

Mais le film n'est pas qu'un exercice de style et d'une contemplation mélancolique, c'est aussi un film teinté d'ironie, de burlesque, d'ironie absurde, de distance moqueuse. On y sent même un parfum de Jacques Tati, qui ne perd pas le sens des réalités. Le film est aussi nourri d'une belle histoire d'amour, et Kanako Higuchi (star TV au Japon) incarne à merveille cette femme, épouse d'un homme autant que de son art. Même leur fille ne trouve guère de place entre eux, et offre des scènes brèves, mais toujours hilarantes.

Visuellement, c'est parfait, agrémenté des toiles du maître Takeshi soi-même, et j'ai été heureux de retrouver cette vigueur formelle d'autrefois. Le film se termine dans une conclusion douce et romantique, et est au final un film réussi, réellement fort et attachant, à l'image de son réalisateur. Et je me réjouis déjà de le retrouver prochainement au générique du film de Wong Kar Waï, "The Lady from Shanghaï", en attendant avec impatience, son prochain opus, intitulé "200".

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