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5 avril 2010

Les invités de mon père

Les_invit_s_de_mon_p_reDes sans-papiers chez les "bo-bo"

Lucien Paumelle a toujours eu des convictions fortes. Médecin retraité, il reste un homme d'action, réputé pour son implication dans de nombreuses causes humanitaires.
Son engagement le conduit jusqu'au mariage blanc avec une jeune femme moldave, Tatiana, pour lui éviter l'expulsion.
Mais ses enfants, Babette et Arnaud, s'aperçoivent rapidement que le comportement de leur père n'a plus grand-chose à voir avec les principes qu'il a toujours prônés : malgré ses 80 ans, Lucien aurait-il succombé au charme de sa flamboyante épouse ?
Tandis que Tatiana et sa fille prennent leurs marques chez les Paumelle, le chaos s'installe dans le quotidien de Babette et Arnaud.
Bientôt, ce sont toutes les relations familiales qui sont à redéfinir...

Après avoir écrit l'adaptation et le scénario de "Didine", et avoir écrit, scénarisé et réalisé "Ceux qui restent", Anne Le Ny continue son bonhomme de chemin et nous propose, co-écrite avec Luc Béraud, une comédie sur un sujet grave : les sans-papiers. Coment ne pas être attaché à Anne Le Ny qui a servi, tant à la télévision qu'au cinéma, de très vifs seconds rôles ? 

Sa comédie est bien troussée, bien rythmée, et surtout émaillée de dialogues ciselés à son image : ironiques, grinçants, mordants, acides... Et ses dialogues servent pertinemment ses personnages, tous nuancés. Cela contribue, en fouillant la nature humaine, à nous proposer un film qui n'est pas juge, ni moraliste, ni manichéen.

A certains moments, Anne Le Ny lorgne du côté d'Anne Fontaine ou d'Arnaud Desplechin, avec un talent certain.

La distribution relève du très haut de gamme : Michel Aumont, Fabrice Luchini (sobre), Karin Viard (décidément parfaite), Valérie Benguigui, Véronika Novak, et le très beau Raphaël Personnaz (dont on reparlera puisqu'on le verra dans le rôle d'Alain Delon, dans un film sur Romy Schneider).

Chaque personnage ou presque en prend pour son grade, comme pour aller au-delà de ses bonnes intentions, notamment lorsqu'il est question de remettre le Pater Familias en cause, ou d'être confronté à la dilapidation de l'héritage. Anne Le Ny s'attaquerait donc au "politiquement correct", en oubliant toutefois qu'il est parfois indispensable d'envisager la politique correctement. La pilule passe cependant grâce à un certain détachement, et à un judicieux second degré. Pourtant, arrive peut-être un moment où, sur le sujet des sans-papiers, le second degré et l'ironie, peuvent présenter des limites, et on peut préférer "Welcome".

S'il est en revanche une thématique où Anne Le Ny excelle, c'est dans la description de la très belle relation frère-soeur, que Fabrice Luchini et Karin Viard incarnent avec beaucoup de chaleur et de complicité. C'est d'autant plus remarquable que cette relation n'est presque jamais présentée sous ce jour au cinéma.

Au final, un film qui refuse tous les stéréotypes qui semble avoir fait sienne la remarque de ce génie de Jean Renoir : "chaque personnage a ses bonnes raisons". A mon sens, le film aurait gagné à ne pas toujours être sur le registre de la comédie, mais la virtuosité des comédiens finit par l'emporter, malgré mon attachement à la dimension politique que doit revêtir le cinéma sur de tels sujets.

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