Jean Le Bitoux
Ces vacances auront commencé avec une tonalité toute particulière, puisqu'on annonçaist, discrètement, le 21 avril, la mort de Jean Le Bitoux.
Je sais que cet homme n'évoque pas grand chose à l'ensemble d'un large public, mais il fut, avec d'autres, un homme important de ma jeunesse. J'ai eu la chance de le rencontrer au Palace, la fameuse boîte de nuit parisienne, à la toute fin des années 1970, et il fut ce ceux qui contribuèrent à ma formation politique, dans sa forme la plus militante.
"Le politique forme la jeunesse" me répétait-il, sous les regards bienveillants d'un Michel Foucault et d'un Guy Hocqueghem. Je n'étais pas majeur, j'étais émerveillé par cet esprit de fronde, par cet espoir de la reconnaissance accordée et de l'égalité obtenue, par cette culture foisonnante qui me faisait découvrir les dessins osés d'Eisenstein, les films et les pièces de théâtre de Fassbinder, les textes de Copi, et les poésies de Jean Sénac.
Toujours entouré d'un aréopage d'êtres excentriques, d'artistes, de travestis de cabarets, des amis du FHAR, multipliant les coups de fil pour pouvoir obtenir de belles plumes dans "Gai Pied", tandis que Fabrice Emaer remplissait les coupes de champagne. Et nous nous amusions de l'humour si "camp" des anciennes Gazolines, qui nous racontaient leurs grands faits d'armes du début des années 1970.
Comme chacun, je ne suis qu'une sorte de boule à facettes. L'une d'elles, incontestablement, brille encore de l'éclat d'un Jean Le Bitoux.
Voici le petit article Wikipédia à son sujet : Jean Le Bitoux (né le 16/08/1948 à Bordeaux — mort le 21/04/2010 à Paris) est un journaliste français. Il a été une figure du militantisme homosexuel français. Cofondateur du journal Gai Pied en 1979, il n'a cessé de lutter pour la reconnaissance et les droits des homosexuels en France. C'est à Nice, au sein du mouvement homosexuel local, que Jean Le Bitoux fait ses premières armes de militant. Monté à Paris, il est candidat aux élections législatives de 1978, puis crée en 1979 le journal Gai Pied avec l'aide de quelques amis. Militant engagé, il est mis en minorité en 1983 pour des raisons économiques, il démissionne du journal avec la quasi-totalité des journalistes. Le journal continue sans lui sur une orientation plus commerciale et disparaîtra en 1992, après 541 numéros. En tant qu'intellectuel et activiste, Jean Le Bitoux s'investit également dans la lutte contre le sida, en participant à Aides dès 1985. Il fait partie d'une association qui se propose de créer à Paris un Centre d'archives gaies, avec le soutien de la Mairie de Paris. Il a été directeur de recherches pour la création de ce centre d'archives, avant d'être "licencié faute de résultats". Très attaché à l'histoire et à ses oublis, il milite activement pour la reconnaissance de la déportation homosexuelle par les nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale.