Laurent Terzieff
Difficile de pouvoir écrire un hommage sensible à propos d'un acteur qu'on a beaucoup aimé, et que l'on regrettera. Son allure christique aura davantage brûlé les planches qu'enflammé la pellicule, parce qu'il a dans sa jeunesse, tel Michel Bouquet, choisi "l'élégance de l'insécurité".
"Laurent Terzieff. Célèbre à 20 ans grâce aux Tricheurs de Marcel Carné, jeune et beau, tout l'invitait à suivre la voie pavée de contrats en or qui mène droit à la fortune et à la gloire, comme le feront à la même époque Delon ou Belmondo : la grande avenue du cinéma commercial. Au lieu de quoi il choisit, obscur et ténébreux, élégant et fiévreux, efflanqué et indépendant comme le loup de la fable, de s'enfoncer seul dans la sombre forêt du théâtre où rôdent Claudel, Kafka, Tchekhov et Pirandello et où il devait trouver, chevalier sans péché en quête de Graal, le secret d'une éternelle jeunesse." Dominique Jamet.
J'aime relire la liste de certains films dans lesquels Laurent Terzieff a joué, et qui constitue presque une vie : "Les garçons", "Le bois des amants", "Tu ne tueras point", "Les sept pêchés capitaux", "Ballade pour un voyou", "Le voyage du père", "Les hautes solitudes", "Un ange passe", "Noces de sang", "Voyage au jardin des morts", "Tête d'or"...
Sous le parrainage de Marcel Carné, puis dans le tourbillon, en autres, de Pasolini et de Garrel, Laurent Terzieff aura été un acteur de référence, et je ne peux que reprendre pour moi cette magnifique expression de Dominique Jamet, "l'élégance de l'insécurité".