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La Vie ChonChon
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30 juillet 2010

L'Autre Monde

L_autre_mondeD'un monde à l'autre...

C’est l’été dans le Sud de la France. Gaspard est un adolescent heureux qui partage son temps
entre ses amis et sa copine, Marion. Mais Gaspard va rencontrer Audrey et sa vie va basculer. Car Audrey est belle, sombre et double. Sur un jeu en réseau elle se fait appeler Sam et cherche un partenaire pour mourir. Pour tenter de l’approcher Gaspard se crée lui aussi un avatar, Gordon, et part la retrouver dans Black Hole.

Gilles Marchand avait retenu toute mon attention lorsqu'il nos proposa son premier film, "Qui a tué Bambi ?" en 2003, car il s'avéra aussi bon réalisateur que scénariste.

En effet, son nom m'était connu pour les scénarios de "Ressources Humaines" de Laurent Cantet en 2000, de "Leçons de Ténèbres" de Vincent Dieutre en 2000, de "Harry, un ami qui vous veut du bien" de Dominik Moll en 2000, l'exceptionnel "Bon Voyage" de Jean-Paul Rappeneau en 2003.

Il nous propose un thriller bien ficelé, qui étudie le phénomène des jeux vidéo en ligne pour développer des rapports humains ambigus et malsains, entre des personnages à la dérive. Le film est à la fois sophistiqué et accessible, et un grand soin est apporté à l'univers du jeu "Black Hole" fascinant.

Le réalisateur, utilise les codes de la Toile (qui est aussi, ici, une véritable toile d'araignée) qui devient le lieu d'un parcours initiatique, qui servent de prétexte à l'évocation de thématiques telles que la perte de l'innocence, la dépression adolescente, les amitiés perdues, la jeunesse qui s'en va...La musique de M83 colle parfaitement à cet univers de fantasmes.

Grégoire Leprince-Ringuet est parfait, savamment ambigu, jouant à merveille les hésitations entre la virtualité et la réalité. Il confirme une fois encore tout le talent que je lui prête. Pauline Etienne que j'avais découverte avec ravissement dans l'excellent "Qu'un seul tienne et les autres suivront" de Léa Fehner en 2009 a ce qu'il faut de pétillant pour regarder son copain partir à la dérive.

Melvil Poupaud, décidément polymorphe, sait passer de l'univers de Raoul Ruiz (dont il est l'acteur fétiche) à d'autres univers, toujours avec le même talent. Qu'il soit chez les grands Eric Rohmer, Benoît Jacquot, Jean Becker, François Ozon, Pascal Thomas, Arnaud Despléchin, ou qu'il s'aventures en terres nouvelles chez Marion Vernoux, Noémie Lvovsky, Danièle Dubroux, il excelle. Il retrouve ici toute l'ambiguité qu'il avait incarnée dans le très beau "Un homme perdu" de Danielle Arbid.

Louise Bourgoin, quant à elle, et conformément à son habite, est jolie mais insignifiante. 

Enfin, dans un second rôle, on retrouve Patrick Deschamps, que j'adore. "Cavale" & "Après la vie" de Lucas Belvaux en 2003, "La Trahison" de Philippe Faucon en 2006, "Itinéraires" (sublime !) de Christophe Otzenberger en 2006, "La raison du plus faible" de Lucas Belvaux en 2006, "Nue Propriété" (encore sublime !) de Joachim Lafosse en 2007, "Versailles" de Pierre Schoeller en 2008, "A l'origine" de Xavier Giannoli en 2009, "Rapt" de Lucas Belvaux en 2009 : il me va toujours droit au coeur.

Pour ajouter à l'ambiance troublante du film, M83 a su composer une musique envoûtant qui vous happe et ne vous lâche plus jusqu'à son terme. 

Le pari de faire un film qui oscillerait de la réalité à la virtualité, en endossant les fantasmes propres à la fin de l'adolescence, en respectant la fascination, mais sans sombrer dans la complaisance, était un pari osé. A mon sens, grâce à son ambiance visuelle et musicale, grâce aussi à la subtilité de jeu de Grégoire Leprince-Ringuet, Melvil Poupaud et Pauline Etienne, Gille Marchand le réussit, malgré peut-être, une fin un peu moralisatrice.

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