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La Vie ChonChon
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30 août 2010

Poetry

PoetryLes mots pour le dire.

Dans une petite ville de la province du Gyeonggi traversée par le fleuve Han, Mija vit avec son petit-fils, qui est collégien. C’est une femme un peu excentrique, pleine de curiosité, qui aime soigner son apparence, arborant des chapeaux à motifs floraux et des tenues aux couleurs vives. Le hasard l’amène à suivre des cours de poésie à la maison de la culture de son quartier et, pour la première fois dans sa vie, à écrire un poème.
Elle cherche la beauté dans son environnement habituel auquel elle n’a pas prêté une attention particulière jusque-là. Elle a l’impression de découvrir pour la première fois les choses qu’elle a toujours vues, et cela la stimule. Cependant, survient un événement inattendu qui lui fait réaliser que la vie n’est pas aussi belle qu’elle le pensait.

Voici le cinquième long métrage du Coréen Lee Chang-Dong, après "Green Fish" en 1997, "Peppermint Candy" en 2002, "Oasis" en 2003 et "Secret Sunshine" en 2007. On y retrouve toute la délicatesse et la sensibilité du réalisateur, auréolé de son Prix du Scénario du Festival de Cannes 2010.

Il y a des moments où le hasard des sorties cinématographiques fait que je suis ravi, puisque vons s'enchaîner, en peu de temps, "Poetry", puis "Uncle Bunmee" de Apichatpong Weerasetakuhl, puis "Des Dieux et des Hommes" de Xavier Beauvois. Voilà qui donnera une joli couleur à ce triste septembre de rentrée qui arrive.

"Poetry" est un beau mélodrame, avec le portrait d'une grand-mère excentrique et digne, qui observe les paroles et les bruissements du monde. Elle entre en poésie au moment où elle commence de perdre ses mots, atteinte d'Alzheimer. Lee Chang-Dong pose un regard d'une grande profondeur sur cette femme mûre, sur l'humanité qui l'entoure, et sur une vie presque sordide.

Car le récit va bien au-delà du portrait, et traite d'une façon insidieuse de la barbarie quotidienne et banale. C'est un chant funèbre à la cruauté calme et à la violence sourde, plutôt implacable, même s'il est sans cesse rééquilibré par la pureté et la beauté de cette dame, de son entrée en poésie alors qu'elle commence de perdre la mémoire.

Yoon Jung-hee, véritable star du cinéma coréen qui n'avait pas tourné depuis près de 15 ans, revient devant les caméras, touchant au sublime, dans un rôle auquel elle donne une bouleversante délicatesse, assurément digne d'un prix d'interprétation cannois. Dans toute la scène où elle va rencontrer la mère de l'adolescente qui s'est suicidée suite à des viols collectifs, elle joue comme une funambule, magnifique de bout en bout.

Magnifique moment de tendresse pour les gens simples, qui parviennent aussi à saisir l'inadaptation des mots aux choses, comme dans les plus grands romans. Longtemps après avoir vu le film, on se rappelle les robes, les vestes, les chapeaux, et les sourires gracieux de Mija. Assurément, ce cinéma-là est un art.

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