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La Vie ChonChon
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25 septembre 2011

Restless

RestlessLa vie et l'amour... en sursis.

Bien qu’en phase terminale d’un cancer, la jeune et jolie Annabel Cotton est animée d’un amour profond de la vie et de la nature. De son côté, Enoch Brae a cessé d’avoir envie de faire partie du monde depuis que ses parents sont tragiquement morts dans un accident. Lorsque ces deux êtres à part se rencontrent à un enterrement, ils se découvrent d’étonnants points communs. Pour Enoch, dont le meilleur ami se trouve être le fantôme d’un pilote de guerre kamikaze, et Annabel, qui voue une fascination à Charles Darwin et à la vie de toute créature, c’est le début d’une relation exceptionnelle. En apprenant la mort imminente d’Annabel, Enoch propose de l’aider à vivre ses derniers jours avec intensité, au point de défier le destin, les traditions et la mort elle-même.

Depuis environ 30 ans, je suis très attentif à la sortie de chaque nouveau film de Gus Van Sant, qui reste un de mes cinéastes préférés. Il est probablement le réalisateur qui retranscrit le mieux sur grand écran les affres de l'adolescence et de la jeunesse, et pour une large part, sa carrière y fut consacrée : "Mala noche" (1985, mais sorti en 2006), "My own private Idaho" (1992), "Will Hunting" (1998), "A la rencontre de Forrester" (2001), "Elephant" (2003), "Gerry" (2004), "Last Days" (2005), "Paranoid Park" (2007), "Harvey Milk" (2009). On compte ici quelques chefs d'oeuvre.

Par ailleurs, il est aussi producteur, ayant largement soutenu Larry Clark pour "Kids", Jonathan Caouette pour "Tarnation", Rob Epstein et Jeffrey Friedman pour "Howl" qui sortira prochainement.

Certains, lors du dernier Festival de Cannes, ont qualifié "Restless" de "film mineur", et je m'inscris totalement en faux de ce jugement. Déjà, un "film mineur" de Gus Van Sant reste un excellent film, ensuite je considère qu'au contraire, c'est un de ses films les plus beaux parce qu'il parvient à dépasser les cadres conceptuels et théoriques qu'il s'impose souvent.

Il s'agit ici d'un drame shakespearien qui réussi la prouesse d'être léger, élégant, tout en restant délicatement noir. C'est une belle réflexion sur la vie, sa beauté, son miracle, sa brièveté et son inéluctable fin. Pour décrire ce chant d'amour émouvant et en sursis, Gus Van Sant trouve la tonalité parfaite, touchante et spontanée, entre le lyrisme orchestral et les sonorités minimales, sous l'ombre de la grande faucheuse qui rôde.

Le réalisateur livre donc un film complexe et abouti, et ce n'est pas parce qu'il semble moins "mystérieux" que d'autres de ses film qu'il faut le considérer moindre. Un artiste de cette envergure, même dans la simplicité, parvient à vous envoûter et à tenir son fragile et miraculeux équilibre jusqu'à la fin.

Hopper_et_WasikowskaPour le servir, Gus Van Sant a choisi pour ce couple de jeunes adolescents Henry Hopper (fils de Dennis Hopper) que l'on découvre et dont on devrait reparler, et Mia Wasikowska qui compte déjà quelques beaux films à son actif : "Les Insurgés" d'Edward Zwick et "September" de Peter Carstairs en 2009 ; "Amelia" de Mira Nair, "Alice au Pays des Merveilles" de Tim Burton et "Tout va bien, the kids are all right" de Lisa Cholodenko en 2010. Nous la retrouverons prochainement dans le rôle-titre "Jane Eyre" de Cary Fukanaga, "The westtest county in the world" de John Hillcoat, "Stoker" de Park Chan-wook, ainsi que sous la houlette de Steven Spielberg, de Jim Jarmusch, de Robert Connely...

Dans le rôle original du fantôme Hiroshi, personnage imaginaire auquel se confie régulièrement Enoch, on retrouve Ryo Kase qui figurait aux génériques, notamment, de "Lettres d'Iwo Jima" de Clint Eastwood en 2007, "Tokyo !" de Gondy Carax & Bong Hoon-ho en 2008, "Outrage" de Takeshi Kitano en 2010. Enfin, c'est Shuyler Fisk qui incane Elizabeth, la soeur aîné d'Annabel.

La musique du film tient un rôle important, là encore avec beaucoup de délicatesse, entre les compositions du Danny Elfman, le recours à Jean-Sébastien Bach, et pour clore, la voix sublime de Nico (Velvet Underground).

"Restless" est selon moi un des plus beaux films de l'année, et il faut être Gus Van Sant pour filmer les ébauches d'un baiser sans aucune niaiserie, et rendre aussi subtilement la naissance d'un amour condamné par la mort à la fulgurance. C'est beau comme une étincelle qui refuserait de s'éteindre trop vitement.

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