Une "vague rose" au Sénat.

Pourquoi est-ce historique ?

Pour la première fois, la Haute Assemblée n'est donc plus majoritairement de droite. C'est l'effet d'une respiration démocratique dont il faut se réjouir, même si le Palais du Luxembourg est bien moins partisan que le Palais Bourbon.

Je note qu'il ne faut jamais mépriser les scrutins intermédiaire - élections municipales, cantonales, régionales - comme l'a souvent fait l'UMP lors de ce quinquennat, puisqu'à terme, c'est bien le Sénat qui peut "basculer". Et ça n'est pas anodin, au moins de façon symbolique, et même si la Présidence du Sénat ne sera pas nécessairement occupée par un homme de gauche. Certes, c'est le fruit d'une "arithmétique" (terme qui ne devrait pas être utilisé avec mépris par l'UMP), mais elle ne vient pas de nulle part cette "arithmétique", elle émane de victoires électorales récentes et parfois considérables.

Je note aussi qu'il y a dans le résultat de ce scrutin le signe qu'on ne peut pas engager une réforme territoriale sans en discuter sérieusement et profondément avec les territoires concernés. Par ailleurs, la suppression "unilatérale" de la Taxe Professionnelle", sans qu'il y ait dans le même temps de réelles sources de financement pour combler ces manques, aura laissé des traces durables, à droite comme à gauche.

Il faut souligner par ailleurs qu'un adage ancien semble s'être fêlé : les circonscriptions rurales ne sont peut-être pas irrémédiablement "réactionnaires", et peuvent elles aussi aspirer à un certain changement. Souvent elles se sont plaintes d'êtres toujours davantage privées de services publics en continuant d'élire ceux qui les en privaient. D'aucuns ont ri avec le concept énoncé par des sociologues : la rurbanisation. Oui, dans les campagne, il y a de plus en plus de personnes qui viennent des villes, par choix pour un meilleur "art de vivre, ou par contrainte à cause des loyers excessifs dans les villes. Ce bouleversement sociologique de nos campagnes n'est pas anodin.

Evidemment, je sais que d'une part la "personnalité" et le style de l'actuel locataire de l'Elysée, et que d'autre part la nébuleuse d'affaires qui semble toucher certains de ses proches, auront pesé sur ce scrutin. (Notons en passant que la majorité "arithmétique" au Sénat donne la possibilité de recourir aux fameuses "Commissions d'enquêtes"...).  Je ne vois pas comment ce qui interroge un grand nombre de citoyens n'interrogerait pas aussi les "grands électeurs".

Enfin, je voudrais répondre à ceux qui agitent un chiffon rouge absurde : "la gauche va détenir tous les pouvoirs". Je ne vois pas comment pourrait faire la gauche, malgré cette "vague rose" sénatoriale, parvenir à s'adjoindre le pouvoir judiciaire et le pouvoir médiatique. Impossible de nommer des procureurs amis ou asservis ; impossible aussi de remplacer Dassault, Lagardère, Bolloré, etc... Justice et media devraient rester ce qu'ils sont. Alors "tous les pouvoirs"... à d'autres !

Place maintenant à l'humour "arithmétique" :