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9 octobre 2011

Drive

DriveViolence et romance.

Un jeune homme solitaire, "The Driver", conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Ultra professionnel et peu bavard, il a son propre code de conduite. Jamais il n’a pris part aux crimes de ses employeurs autrement qu’en conduisant - et au volant, il est le meilleur !
Shannon, le manager qui lui décroche tous ses contrats, propose à Bernie Rose, un malfrat notoire, d’investir dans un véhicule pour que son poulain puisse affronter les circuits de stock-car professionnels. Celui-ci accepte mais impose son associé, Nino, dans le projet. 
C’est alors que la route du pilote croise celle d’Irene et de son jeune fils. Pour la première fois de sa vie, il n’est plus seul.
Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal…
Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…

Si Nicolas Winding Refn continue de proposer un cinéma à ce niveau d'excellence, je n'ai pas fini de vous "saoûler" avec ses films successifs. Le jeune (41 ans) réalisateur danois s'annonçait prometteur dès 1999 avec "Bleeder" puis en 2004 avec "Inside Job". Mais c'est avec la trilogie parfaite et monumentale "Pusher" qu'il a confirmé ses talents. Ont suivi "Bronson" en 2009, "Le Guerrier Silencieux, Valhalla Rising" en 2010, qui n'ont pas démenti, et loi s'en faut, tous ses talents. Nicolas Winding Refn a déjà 6 films sous le coude à sortir prochainement, qui lui donneront l'occasion de retrouver tantôt Ryan Gosling (notamment dans "Logan's Run") tantôt Carey Mulligan (dans "I walk with the Dead"). Sont très attendus aussi "Only God Forgives" et "Jekyll". 

"Drive" dépasse très amplement le cadre strict du film de genre ou d'action. C'est un film très sec, totalement "dégraisse", remarquablement réalisé, et le Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes est entièrement mérité. Chaque silence, chaque ralenti, chaque poursuite, chaque fusillade, chaque accès de violence, et même le baiser dans l'ascenseur, tout suinte d'une poésie mélancolique et prend une dimension émotionnelle que seul le grand cinéma peut créer.

Il faut souligner la musique du film, très réussie, évoquant les années 1980 ; l'importance d'une Los Angeles tentaculaire ; et l'hommage au cinéma de Michael Mann, Matin Scorsese, William Friedkin, Paul Verhoeven... ainsi qu'au cinéma asiatique, notamment le cinéma coréen.

Par ailleurs, Nicolas Winding Refn ose le mariage a priori improbable de la romance et de l'extrême violence. Alternent donc des fulgurances poétiques et des scènes d'extrême violence, furtives et inoubliables.

Irene est incarnée par Carey Mulligan (26 ans) dont l'allure et le jeu, très délicats, rappellent Michelle Williams. Elle continue son chemin dans de très bons films : "Orgueil et préjugés" de Joe Wright en 2006, "Public Ennemies" de Michael Mann, "Never let me go" de Mark Romanek, "Brothers" de Jim Sheridan et "Une Education" de Lone Sherfig tous trois sortis en 2010. Il n'y a presque aucun doute à avoir sur sa carrière à venir, puisque sept films dans lesquels elle a joué sont à sortir, parmi lesquels "I walk with the Dead" où elle retrouve NIcolas Winding Refn, et notamment les très attendus "Shame" de Steve McQueen II, "Gatsby le Magnifique" de Baz Luhrmann, "My Fair Lady" de John Madden. C'est une excellente actrice britannique, aux antipodes des jeunes actrices que tentent souvent de "lancer" l'industrie cinématographique hollywoodienne.

Ryan_GoslingMaintenant, il faut parler de Ryan Gosling (31 ans), qui tient le rôle principal, "The Driver". Il a écumé de nombreuses séries TV aux USA, puis sa carrière au cinéma s'est lancée peu à peu, avec notamment "Calculs Meurtriers" de Barbet Schroeder en 2002, "N"oublie Jamais" de Nick Cassavetes en 2004, "Half Nelson" de Ryan Fleck où il crevait l'écran dans son rôle de professeur drogué, "Crazy, Stupid, Love" de Requa & Ferrara cette année. Pas de doute, comme son réalisateur qu'il retrouvera bientôt, il s'inscrira au Panthéon du cinéma, et il figurera parmi les meilleurs acteurs de sa génération. Parmi les huit films déjà en boîte, sont très attendus, outre "Logan's Run" de Nicolas Winding Refn, "Les marches du pouvoir" de et avec George Clooney, avec aussi Philip Seymour Hoffman et Paul Giamatti, puis "The Promised Land" de John Hillcoat où il donnera la réplique à Shia LaBoeuf. Dans "Drive, son interprétation est époustouflante, toute en silence, et d'une très rare suavité. Et qu'il soit le taiseux au volant d'une voiture lors d'un braquage ou d'une course-poursuite, le violent extrême qui tue (ou plus précisément, massacre) toujours sans flingue, l'amoureux d'Irène, ou le père de substitution de Benicio le fils d'Irène (Kaden Leos) dans de très belles scènes, il véhicule une espèce de féminité pleinement assumée conjuguée à masculinité sèche, il crève l'écran.

Tous les seconds rôles sont très bien servis, avec Bryan Cranston (Shannon), Albert Brooks (Bernie Rose), Oscar Isaac (Standard Guzman), Ron Perman avec son incroyable "gueule de cinéma" (Nino), Christina Hendricks (Blanche), autant de truands qui se feront liquider, la plupart de façon très expéditive, dans des scènes en forme de "bouffées fulgurantes de violence".

Nicolas Winding Refn a pleinement réussi à réaliser un film intelligent, exigeant ET accessible au plus grand nombre, créant une tension permanente qui ne lâche jamais le spectateur, et proposant une espèce d'hypnose visuelle qui n'appartient qu'aux plus grands. "Drive" est un coup de maître - un de plus du réalisateur après "Pusher", "Brandon" et "Le Guerrier Silencieux, Valhalla Rising" - un film crépusculaire qui confine à la perfection.

Je pense que c'est un chef d'oeuvre intemporel, universel, inépuisable.

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