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30 octobre 2011

Les marches du pouvoir

Les_marches_du_pouvoirAu coeur des primaires démocrates.

Stephen Meyers est le jeune mais déjà très expérimenté conseiller de campagne du gouverneur Morris, qui se prépare pour les élections à la présidence américaine. Idéaliste et décidé à faire honnêtement tout ce qu’il peut pour faire gagner celui qu’il considère sincèrement comme le meilleur candidat, Stephen s’engage totalement. Pourtant, face aux manipulations et aux coups tordus qui se multiplient vite, Stephen va devoir faire évoluer sa façon de travailler et de voir les choses. Entre tentations et désillusions, les arcanes du pouvoir le transforment…

Après "Confessions d'un homme dangereux" en 2003, "Good Night, and Good Luck" en 2006, et "Jeux de dupes" en 2008, George Cooney nous propose une observation acérée de la démocratie politique, mais aussi de la nature humaine de ses protagonistes, grâce à un thriller efficace, qui, dans une construction plutôt classique, après quelques scènes d'exposition, monte en puissance. Il y dénonce, non sans une certaine jubilation, les petits arrangements en politiques, qui peuvent aller jusqu'à la compromission, écornant les convictions les plus affirmée et la probité la mieux ancrée.

Le propos n'est pas nouveau, mais grâce à une réalisation nerveuse et élégante, grâce aussi à la durée du film (1H35 seulement) qui ne s'enlise jamais auquel le réalisateur a ôté tout le gras, grâce enfin à une distribution et une interprétation de très haut vol, on reste toujours intéressé. George Clooney démontre qu'on peut proposer et raconter une histoire complexe de façon simple, directe et percutante.

Comme à son habitude, après ses succès télévisuels dans "Roseanne" et "Urgences" celui qui est désormais un des acteurs fétiches de Steven Soderbergh, des Frères Coen et de Robert Rodriguez, propose un gouverneur candidat aux primaires démocrates très pertinent, et use de son charisme pour rendre crédible la façon dont il échappe à un écart de moeurs dans un hôtel, un soir, avec une jeune stagiaire.

Son principal conseiller, le plus aguerri, Paul Zara, est incarné par le toujours excellent Philip Seymour-Hoffman, qui encore une fois, déploie tout son talent, ici avec un alliage de placidité et d'action parfaitement réussi. On ne compte plus les rôles, très divers, auxquels Philip Seymour-Hoffman a donné une rare profondeur, et sa filmographie est plus qu'honorable, avec notamment : "Boogie Nights" de Paul Thomas Anderson ; "The Big Lebowsky" des Frères Coen ; "Happiness" de Todd Solondz ; "Magnolia" (grandiose) de Paul Thomas Anderson ; "Le Talenteux M. Ripley" de Anthony Minghella ; "La 25ème heure" de Spike Lee ; "Truman Capote" de Bennet Miller ; "7H58 ce matin-là" de Sidney Lumet ; "La guerre selon Charlie Wilson" de Mike Nichols ; "Good Morning England" de Richard Curtis ; etc... Peu d'acteurs de sa génération peuvent se targuer d'une telle réussite.

En face de ce Paul Zara, dans le camp de l'autre candidat démocrate en lice dans ces primaires, on retrouve son alter ego Tom Duffy, impeccablement campé par le génial Paul Giamatti, qui peu à peu conquiert les rôles à sa mesure. C'est le moment de conseiller "American Splendor", "Sideways" et "Le monde de Barney", trois très bons films qui permettent de découvrir cet acteur d'une réelle puissance, au jeu très fin. Ici encore, il excelle, et offre à son personnage des contours d'une rare intelligence, sans jamais être dans "la performance". La classe.

Stephen Myers, le jeune conseiller du gouverneur Mike Morris, est incarné par Ryan Gosling, qui par deux fois avait déjà montré toute la mesure de son talent : dans "Half Nelson" de Ryan Fleck en 2007, et surtout dans "Drive" de Nicolas Winding Refn sorti il y a quelques semaines. Il de contredit pas tous les espoirs qui désormais sont placés sur lui, incarnant à la perfection ce jeune conseiller "idéaliste" qui face à la réalité d'une campagne, va comprendre, et surtout accepter, tous les arcanes de la politique, avançant ses pions avec méthode. 

Qui dit politique, dit nécessairement media. Ici, c'est la journaliste Ida Horowicz qui symbolise toute la profession, toujours en quête de scoops, jouant habilement des "amitiés politiques" qu'elle a nouées au cours de sa carrière. C'est à Marisa Tomei qu'incombe ce rôle, essentiel à la progression de ce thriller politique. Même si elle n'est pas très connue, elle a joué sous la houlette d'excellents réalisateurs, dans des seconds rôles auxquels elle a apporté toute sa malice : Richard Attenborough, Norman Jewison, Nick Cassavetes, Michael Winterbottom, Sidney Lumet, Darren Aronofsky, etc... Il serait temps qu'Hollywood offre à Marisa Tomei un premier rôle à la mesure de son talent.

L'autre présence féminine du film est assurée par la jeune stagiaire qui travaille pour le gouverneur Mike Morris, et c'est Evan Rachel Wood qui l'incarne. Elle tient un rôle clef, puisqu'elle est à l'origine des remous de cette campagne électorale, à savoir une escapade nocturne avec le candidat pour lequel elle bosse. Evan Rachel Wood était déjà devant les caméras à l'âge de 7 ans (pour des séries TV notamment, mais pas seulement), et compte donc déjà une belle filmographie : "Thirteen" de l'excellente Catherine Hardwicke en 2003 ; "Les Disparues" de Ron Howard en 2004 ; "The Whrestler" de Darren Aronofsky en 2009 ; "La Conspiration" de Robert Redford en 2010. Ici, son personnage ne "décolle" qu'aux deux-tiers du film, offrant elle aussi une partition délicate.

Max_MinghellaEnfin, puisque j'aime beaucoup repérer celles et ceux qui me semblent être de beaux talents en devenir, je voudrais mentionner Max Minghella, le fils du réalisateur britannique Anthony Minghella. Il tient le rôle du bras droit du jeune conseiller Stephen Myers, sa petite main. Il a joué dans "Les mots retrouvés" de Scott McGehee en 2005, "Art School Confidential" de Terry Zwigoff en 2006, "Syriana" de Stephen Gagham (où il était le fils de George Clooney, qui en avait très probablement gardé un excellent souvenir pour l'engager ici), et "The Social Network" de David Fincher en 2010. Avec ses faux airs de James Franco, avec surtout un physique irréprochable et un talent indéniable, même dans un rôle plus en retrait, il devrait pouvoir prétendre à une carrière intéressante. Ici, il campe un ardent défenseur de son candidat, et surtout de son jeune conseiller si brillant et si sûr de lui, aspirant à devenir lui-même un jour un conseiller de tout premier plan (ce qui est à deux doigts d'arriver) et qui devra lui affronter la d^reté d'une campagne électorale de cette importance. 

Si j'ai insisté sur l'essentiel de la distribution, c'est parce qu'une large part de l'intérêt du film - dont le propos, je le répète, est plutôt classique - tient aussi à des dialogues particulièrement bien écrits, et exceptionnellement bien servis.

Un film que je recommande, parce qu'un thriller politique simple (sans être simpliste), aux protagonistes bien profilés, si ramassé dans le temps, construit selon un rythme nerveux, prenant néanmoins le temps de dessiner la complexité d'une campagne, servi par une distribution parfaite, ça n'est pas si fréquent. Et George Clooney, tant sur le fond que sur la forme, confirme qu'il est bien davantage qu'un acteur de talent, mais aussi un réalisateur avec lequel il faut compter.

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