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28 décembre 2011

Corinne Masiero, je vous aime !

Corinne_Masiero_1Attention : actrice d'exception.

Pour le moment, Corinne Masiero est encore une actrice trop méconnue, bien qu'elle compte à son palmarès plus de 50 rôles au théâtre, autant dans des téléfilms, et une carrière cinématographique qui ne cesse de s'étoffer.

Vous l'avez peut-être aperçue, entre autres, dans "A l'origine" de Xavier Giannoli en 2008, dans "Persécution" de Patrice Chéreau en 2009.

C'est une actrice de la trempe de Yolande Moreau, et bientôt vous la connaîtrez tous ! En effet, le Festival de Dieppe 2011 lui a réservé son Prix d'interprétation et le Festival de Zurich 2011 lui a offert sa "Mention Spéciale" pour son rôle-titre dans "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun (celui qui a révélé Tahar Brahim en 2005 dans "Tahar l'étudiant", quand même !).

Elle est époustouflante d'humanité, de force et de faiblesse, dans ce rôle difficile. Native du Nord (en 1964), et issue d'une "famille de prolétaires", elle a gardé sa gouaille si particulière, et a assumé au cinéma des rôles d'ouvrière, de paumée, de prostituée, de SDF... souvent très ancrée dans le social. Vous l'avez déjà aperçue, j'en suis certain, mais quand vous verrez "Louise Wimmer", vous la découvrirez.

D'autant plus que sortiront prochainement le premier film de Stéphane Cazes, "Le sens de nos peines" où elle tient un rôle important, puis "De rouille et d'os" de Jacques Audiard !

 

Louise_Wimmer__a_Je vous propose ci-dessous le beau portrait qu'en dresse Claire Lefèbre dans "La voix du Nord" en mars 2010.

"La tronche, la silhouette dégingandée, le phrasé. Tout en elle est atypique et a fait d'elle la figurante incontournable des films et téléfilms tournés dans la région. Après avoir enchaîné les seconds rôles, Corinne
Masiero tournera cet été un vrai premier rôle pour le cinéma. Elle nous raconte un jour qui a compté pour elle. Évidemment pas banal.

PAR CLAIRE LEFEBVRE
Le tournage de la veille, pour un téléfilm, s'est éternisé jusqu'à 4 heures du mat', dans le froid d'un hangar de Carvin. Réveillée par un café, Corinne attend dans le troquet d'une gare de Lille son train pour d'autres caméras. Son sac à dos à côté d'elle, ses cheveux rouquins qui ne veulent pas tous aller dans le même sens. Et son accent ch'ti à couper au couteau. Pas vraiment les atours d'une jeune première. Elle n'a découvert le théâtre qu'à 28 ans, loin de ses écoles et chapelles. « Il n'est jamais trop tard ! Ras-le-bol du jeunisme, de devoir être tous lisses, blancs et (imitant un accent snob) par-ler cor-rec-te-ment. » Elle, accuse sans complexe 46 ans au compteur d'un chemin pépère vers la gloire. Et elle dit « merde à cul » quand elle renverse son café.

Corinne_Masiero_2« Quand je serai grande, je serai toxicomane »

Elle a grandi « chez les prolos, dans un milieu de cocos, de militants ». Chez elle, le père Fouettard, c'était le dictateur chilien Pinochet. « Je ne me suis jamais sentie normale, comme les autres. » Elle habitait
Cantin, « bled » du Douaisis. « Je vivais au fond d'une impasse, je me disais qu'il ne m'arriverait jamais rien. J'étais amoureuse de Dave et Juvet. Comment veux-tu que le mec, au cas où il viendrait jusqu'à Cantin, vienne jusqu'à chez moi ? »

Aujourd'hui, la vie de Corinne est un carrefour : les propositions de rôles arrivent, à elle de choisir. Elle pourrait nous raconter ses rencontres avec les acteurs et réalisateurs célèbres qu'elle a croisés. Mais non. « Un jour, j'ai compris que c'était à moi de me déplacer, d'aller vers les gens. Grâce à un bouquin de la bibliothèque du collège... » Le livre s'intitule Flash, ou le grand voyage. L'auteur, Charles Duchaussoy, est surnommé le « drogué français de Katmandou ». Il raconte dans un pavé sa route de la came à travers l'Orient, du Liban au Népal. Du premier pétard au dernier shoot. Voyage initiatique version trash. Paru en 1971, son best-seller (6 millions d'exemplaires) a marqué une génération. Même si peu de lecteurs ont dit, comme Corinne, en le refermant : « Quand je serai grande, je serai toxicomane. Quand t'es môme, tu ne sais pas mettre de mots sur les choses, je ne sais pas pourquoi je me suis retrouvée là-dedans. »

Sans pathos, elle évoque sa descente aux enfers, entamée à 15 ans. « Devenir toxico, c'est se mettre hors la loi, détruire le système, en commençant par se détruire soi. Ça m'a menée tout au fond. »

Corinne_Masiero_3Attifée

Des détours obligés par « la petite délinquance et les trucs dont t'es pas très fière » : « T'es pas tout noir, ni tout blanc. T'es les deux. Tu mets plus haut que tout l'amitié mais quand t'es tout en bas, les gens qui
sont là ne sont pas ceux que tu croyais. Quand t'es toxico, les expériences que chacun vit sont démultipliées. T'apprends à faire avec tes contradictions. » Son visage dur est fendu par un sourire angélique. On
remarque ses beaux yeux verts. Elle s'en est sortie, avant trente ans, après les rechutes. « C'est la tête qu'il faut désintoxiquer. » Elle a saisi une main tendue. Celle d'une troupe montant une pièce à L'Hippodrome de Douai, lui proposant de donner un coup de main en régie. Elle finit par monter sur scène. « Je ne redescendrai plus. Je veux rester là. »

Elle a 28 ans, n'est jamais allée au théâtre. Elle apprend. « C'est extraordinaire d'être sur scène, d'avoir le droit d'être regardée, de dire ce qu'on veut et de capter l'attention. J'ai enfin eu une place et le droit de l'avoir. »
Son premier rôle est celui de Gunda, un personnage de Fassbinder. Guêpière noire, bas de laine marronnasse, en fauteuil roulant. Dans tous ses rôles, son mètre quatre- vingts sera ainsi, drôlement attifé. « Je me trouve moche. Mais la laideur, des fois, c'est une coquetterie. J'adore m'enlaidir. Plus je suis moche, vulgaire, méchante, une vraie pourriture, plus j'aime. »
Corinne apparaît systématiquement dans les fictions où suinte la misère sociale (souvent tournées dans le Nord...). Quand elle joue dans PJ, série policière de France 2, c'est pour tuer méchamment le valeureux
capitaine Fournier. Si au contraire elle sauve le héros Adamsberg (Jean-Hugues Anglade) dans l'adaptation par Josée Dayan des polars de Fred Vargas, elle doit prendre vingt kilos pour se mettre dans la peau du lieutenant Violette Rétancourt ! « Dans la laideur, si tu fais voir une petite lueur d'humanité – on a tous ça en nous – le message est passé. »

Cet été, le réalisateur Cyril Menneguin lui donnera le premier rôle dans Louise Wimmer : une femme qui vit dans sa voiture... Le train est à quai. « Voilà tout ce qu'il y avait derrière la couverture du bouquin que j'ai ouvert ce jour-là. » Corinne se lève, le coeur léger, ses jambes immenses semblant l'emmener malgré elle vers un destin qui la dépasse. Sac au dos, l'humanité en bandoulière."

 

NB : Je n'ai pas encore vu "Louise Wimmer", mais j'irai le voir dès sa sortie. Quoi qu'il en soi, j'aime Corinne Masiero !

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