38 témoins
Alors qu'elle rentre d'un voyage professionnel en Chine, Louise découvre que sa rue a été le théâtre d'un crime. Aucun témoin, tout le monde dormait.
Paraît-il.
Pierre, son mari, travaillait. Il était en mer.
Paraît-il…
La police enquête, la presse aussi.
Jusqu'à cette nuit où Louise rêve. Elle rêve que Pierre lui parle dans son sommeil.
Qu'il lui parle longuement. Lui qui, d'habitude, parle si peu.
Impossible de résister à un film de Lucas Belvaux, depuis que j'ai vu sa trilogie parfaite en 2003, "Un couple épatant", "Cavale", "Après la vie", et depuis qu'il m'a pris aux tripes avec "La raison du plus faible" en 2006.
Ici, d'un ancien fait divers survenu aux USA (daté des années 1960), il tire un film qui s'attache à comprendre la complexité de l'âme humaine, capable de silence quand il faudrait témoigner. Porté par un Yvan Attal impressionnant, lui-même épaulé par une Sophie Quinton que j'aime depuis "Qui a tué bambi" et éptante dans "Poupoupidou", le film est glaçant.
J'ai retrouvé Patrick Descamps, encore une fois formidable (qui a déjà joué pour Lucas Belvaux dans "La raison du plus faible"), qui m'avait déjà beaucup impressionné dans "Nue propriété" de Joachim Lafosse, dans un rôle très délicat. Enfin, Nicole Garcia, François Foroleto, Natacha Régnier et l'excellent Didier Sandre complètent une distribution de très grande qualité.
Autre personnage du film, Le Havre, magnifiquement filmé, comme ce fut déjà le cas récemment dans "La Fée" du trio Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy, puis dans "Le Havre" par Aki Kaurismäki.
Alors certes, on ressort désemparé, presque autant qu'après avoir relu Montaigne, Shakespeare, Goethe, Proust, Gide, Joyce... et tous ceux qui se sont attelés à disséquer la part d'ombre en chacun de nous. Mais cela donne un film assez impressionnant.