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8 juillet 2012

Summertime

Summer Time

Que deviennent nos rêves d'adolescent ?

Robbie Heinrick (William Ruffin, parfait), un adolescent de 14 ans, nourrit secrètement l’espoir de réunir la famille qu’il n’a jamais connue.
Délaissé par sa mère et de père inconnu, il veille au quotidien sur Fess (John Alex Nummery, épatant) son jeune demi-frère.
Ensemble, ils passent le temps en trainant entre les champs de coton ensoleillés et le distributeur de sodas de la vieille station essence de leur petite ville du Mississippi.
Un jour, leur grand frère Lucas (Patrick Rutherford) est de retour à la maison. Le rêve de Robbie de reconstruire une famille se dessine enfin…

Mais Robbie aura-t-il les possibilités et les moyens d'entretenir longtemps son rêve, de le réaliser dans une Amérique désenchantée ?

"Summertime" est le premier film de fiction qui sort sur grand écran de Matthew Gordon (dont il a co-écrit le scénario avec Brad Ingelsby). Il est connu pour ses documentaires pour la chaîne HBO.

Ici, il s'attache à démonter le mythe étasunien "riche et célèbre", rappelant avec crudité que les temps ont changé, et qu'il faut souvent, surtout pour ceux qui vivent sur des terres désolées, ici le delta du Mississippi, que déjà à l'adolescence, on sait que ses espoirs sont vains. C'est l'histoire d'un adolescent courageux qui doit renoncer à ses rêves, si modestes soient-ils, pour s'en sortir.

Le fond du film rappelle les Frères Dardenne, la forme rappelle Terrence Malick. Les images du directeur de la photographie Jeffrey Waldron sont magnifiques, soutenues par les mélopées de Casey Immoor, et parviennent à décrire, mieux encore, à faire ressentir toute la beauté de la région, sa moiteur, sa désolation.

La distribution est constituée d'acteurs non professionnels, tous excellents, parvenant à incarner une forme de désenchantement, et laissant comprendre que sans une résilience particulièrement solide, il n'y a pas d'issue. William Ruffin porte en soi une force qui crève l'écran, aussi touchante lorsqu'il doit faire face à l'adversité que lorsqu'il couvre de bienveillance son jeune frère et sa grand-mère.

Que "Summertime" ait été auréolé du Prix du Jury à Deauville, et du Prix de la Meilleure Première Oeuvre à Durban est pleinement mérité. Sa façon crue, parfois cruelle, de démythifier les rêves étasuniens surannés, rappelle à nos conscience que le cinéma d'outre atlantique s'intéresse trop peu à ses réalités sociales, sociétales et culturelles.

Sur une thématique ardue, un adolescent qui renonce à ses rêves les plus anodins (une famille, un flirt...), Matthew Gordon nous rappelle que les USA savent promouvoir à l'excès ses "héros", mais oublient de montrer le courage de gens ordinaires. 

Un film à ne surtout pas manquer.

 

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