Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Vie ChonChon
La Vie ChonChon
Derniers commentaires
Archives
8 juillet 2012

Holy Motors

Holy Motors

De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar (Denis Lavant), un être qui voyage de vie en vie conduit dans une limousine transformée en loge de théâtre où il change de costume, de personnage, pour aller de mission en mission, sous le regard protecteur bienveillant de Céline (Édit Scob) son chauffeur.

Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie.

Mais où est sa maison, sa famille, son repos ?

Impossible sans doute de réconcilier les esprits réfractaires à Léos Carax avec cet étonnant réalisateur. Pourtant il le faudrait. "Holy Motors" est une espèce de "film total", dont la forme est époustouflante : la conception graphique, la photographie, les effets visuels, la musique, l'univers poétique... tout est nourri de créativité et de fantaisie. Le fond est une belle interrogation sur le cinéma en soi, et même sur l'art en général, le rapport de l'homme à l'art. C'est nourri de références (Vidor, Chaplin, Ionesco, Beckett, Dali...) sans jamais être pédant, parce que c'est d'une grande légèreté.

Léos Carax semble vouloir nous rappeler que le cinéma c'est le 7ème art, et que l'art est libre. C'est donc un film tout de liberté qu'il nous propose, magnifiquement mis en scène, original, ludique, fantasque. On assiste à une dérive poétique prophétisant la mort du cinéma, décrivant avec humour le pourrissement du monde occidental.

Le travail de Denis Lavant tient du prodige, comme d'habitude, sachant dévoiler une incroyable palette d'émotions à mesure qu'il change de personnage. Il est admirablement secondé par Édith Scob (Céline), mais aussi par Eva Mendes (Kay M), Kylie Minogue (Eva/Jean), Élise Lhomeau (Léa/Élise), Michel Piccoli (l'homme à la tâche de vin), Jeanne Disson (Angèle) et Léos Carax lui-même (le Rêveur).

A voir absolument, en acceptant de monter sur ce carrousel d'images aussi étrangement émouvantes que celles des premiers âges du cinéma, d'embarquer sur ce vertigineux manège des métamorphoses. Le tourbillon de la vie, en quelque sorte, en forme de déclaration d'amour au cinéma. Même si le Festival de Cannes n'a pas su le récompenser d'un prix à sa démesure (Palme d'Or, Prix de la Mise-en-scène, Prix du Jury ou Prix d'Interprétation Masculine pour Denis Lavant), il en est revenu avec le Prix de la Jeunesse, et c'est peut-être mieux ainsi.

Publicité
Commentaires
La Vie ChonChon
Publicité
Publicité