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14 octobre 2012

God Bless America

God Bless America

Régler ses comptes à la société moderne ?

Seul, sans boulot, divorcé de son épouse Alison (Melinda Page Hamilton) et donc éloigné de sa fille Ava (Mackenzie Brooke Smith), de surcroît gravement malade (une tumeur au cerveau), Frank (Joel Murray) sombre dans la spirale infernale d’une Amérique déshumanisée et cruelle.

N’ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin.

Bientôt rejoint par Roxy (Tara Lynn Barr), lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c’est le début d’une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA, commençant par dézinguer un starlette de la télé-réalité, Chloé (Maddie Hasson).

"God Bless America" est le quatrième long métrage écrit et réalisé par Bob Goldthwait qui, avant de passer à la réalisation, était acteur depuis de longues années. Il se produisait notamment avec succès dans des spectacles de stand-up où il affutait déjà son goût pour la comédie noire et acerbe, que l'on retrouve dans ce film.

Avec l'arrivée de la crise, de nombreux films brossent un état des lieux peu flatteur de la situation, le plus souvent avec humour. Qu'il s'agisse de la France avec "Le Grand Soir" ou des USA avec "God Bless America", les messages restent les mêmes : les cinéastes s'interrogent sur l'avenir de notre société, comme le confirme Bob Goldthwait en déclarant : "Le film pose des questions au spectateur : "Où allons-nous ?"" Sans en avoir l'air, "God Bless America" fait donc office de signe des temps, comme "Point limite zéro" avant lui : en temps de crise, l'idéalisme et la probité se parent de couleurs inédites.

Dans ce film - programmé à l'Étrange Festival 2012 au Forum des Halles où je l'ai vu le mois dernier) le personnage principal interprété par Joel Murray, décide de se débarrasser d'un certain nombre de personnes qu'il estime être des détritus de la société, et commence par une jeune starlette de la télé-réalité. L'idée du réalisateur n'est pas de dire aux spectateurs : "ne regardez pas ces programmes", mais plutôt de faire en sorte qu'ils se demandent : "est-ce vraiment le mieux que l'on puisse faire ?". Et comme très souvent, il plus malin de poser une question que d'en proposer une réponse.

L'acteur Joel Murray (frère de Bill Murray), plus habitué à jouer dans des séries télévisées ou à occuper des seconds rôles au cinéma, se retrouve ici pour la première fois (enfin !) propulsé en tête d'affiche. C'est une excellent idée de casting, d'autant plus que le film repose beaucoup sur sa bonhomie et son jeu discret. L'autre bonne idée, c'est Tara Lynne Barr dans le rôle de Roxy, tout à fait épatante.

Le couple de justiciers, pris dans une spirale de violence, évoque l'équipée sauvage de "Tueurs-nés", d'Oliver Stone, en moins speed et en plus amusant. Mais ce rythme à la fois macabre, libérateur et amusant aurait exigé une écriture à la hauteur, sans répit, à jets continus. Or, le script ne tient pas tout à fait le tempo, et ne bat la mesure que sporadiquement. Un pamphlet gore qui explose beaucoup de cervelles mais aurait gagné, au final, à solliciter un peu plus celle des spectateurs.

D'un côté, cette comédie "anti-politiquement correct" dézinguant la télévision commerciale a le charme de la contre-culture des années 1970. D'un autre côté, le film est aussi binaire que ce qu'il dénonce et un peu plombé par les discours moralisants du justicier.

Vraie catharsis, le film n'est pas le brûlot punk auquel il aimerait qu'on l'identifie, autrement dit, il n'est pas assez "trash" selon moi, d'autant qu'il est nourri par des critiques et des constats qu'on a déjà vus au cinéma. Mais certaines scènes étant réellement jouissives, je n'arrive pas à le blâmer totalement.

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