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9 mai 2013

Enfance Clandestine

Enfance Clandestine

Pour vivre heureux, vivre caché ?

Argentine, 1979. Juan, 12 ans, ses parents Charo (Natalia Oreiro) et Daniel (Cesar Troncoso), sa petite soeur Vicky, reviennent à Buenos Aires sous une fausse identité après des années d’exil. Les parents de Juan et son oncle Beto (Ernesto Alterio, parfait) sont membres de l’organisation Montoneros, une organisation péroniste d'extrême gauche , en lutte contre la junte militaire au pouvoir qui les traque sans relâche.

Pour tous ses amis à l’école et pour Maria dont il est amoureux, Juan se prénomme Ernesto. Il ne doit pas l’oublier, le moindre écart peut être fatal à toute sa famille. C’est une histoire de militantisme, de clandestinité et d’amour.

Le metteur en scène Benjamin Avila s’est inspiré de sa propre enfance pour raconter l’histoire d’ "Enfance Clandestine". Pour autant, il ne voulait pas écrire son autobiographie. Il a plutôt souhaité revisiter le militantisme de la dernière dictature chilienne entre 1976 et 1983 en se centrant sur une histoire d’amour entre deux enfants. Il faut savoir que sa mère a disparu lors de la junte militaire (terme utilisé pour désigner une dictature militaire gérée par un groupement de chefs des armées) et qu’il a été séparé très jeune de son demi-frère. Ils se sont retrouvés cinq ans après. Aujourd’hui, 300 enfants kidnappés pendant la junte restent portés disparus.

Plus connu pour ses courts métrages et documentaires, Benjamín Avila réalise, ici, son premier long métrage dans lequel il joue également un petit rôle. Très judicieusement, il a beaucoup utilisé la technique du gros plan pour ce film, son objectif étant de montrer la façon dont les enfants perçoivent le monde. Quelques séquences représentant la violence sont animées. Benjamín Avila a eu cette idée en visionnant "Kill Bill" de Quentin Tarantino, dans lequel une personne se fait assassiner sous les yeux d’un enfant caché sous un lit. Très ému par cette scène, le réalisateur a voulu utiliser la même technique pour son film, et il le fait avec beaucoup de talent, ces séquences étant par ailleurs très belles.

Enfance Clandestine - Ernesto Alterio

Une histoire simple, magnifiquement incarnée, qui sous le vernis d’un voyage initiatique aborde la complexité d’une guérilla longue de presque dix ans. Le film, chargé politiquement, l'est aussi émotionnellement. Ainsi, les scènes entre Juan, soit avec sa grand mère (incarnée par Christina Banegas) qui pense qu'il faut tenir les enfants éloignés de la lutte politique, soit avec son oncle Beto qui tente par sa constante bonne humeur de maintenir Juan dans une pré-adolescence ordinaire (voir photo), sont particulièrement réussies, à la fois porteuses d''une grande tendresse et aussi annonciatrices des inéluctables drames liés à la clandestinité qu'exige la résistance.

Impossible de ne pas penser à d'autres films en voyant "Enfance Clandestine", de "L'esprit de la ruche" (Victor Erice, 1973) à "A bout de course" (Sydney Lumet, 1988) dont les ombres planent ostensiblement. Je note, et je l'ai souligné à propos de "L'Intervallo" de Leonardo Di Costanzo que j'ai vu il y a deux jours, qu'observer les drames de nos sociétés par le prisme de l'enfance, de l'adolescence, de la jeunesse, reste un moyen très fort d'expliciter des situations complexes, pas uniquement pour des raison d'émotions accrues que pour des raisons de changement de point de vue.

On peut songer aux travaux brillants de Rob Reiner dans "Stand by me" (1986), de John Boorman dans "Hope and Glory" (1987), de Roberto Benigni dans "La Vie est Belle" (1988), de de Fernando Meirelles dans "La Cité de Dieu" (2002), de Gus Van Sant dans "Elephant" (2003) etc... qui nous interroge, puisque délibérément est utilisé le regard des enfants ou des adolescents porté sur l'Histoire, sur notre propre regard d'adultes peut-être trop "le nez dans le guidon"...

Comme si tout ce qui va de la pré-adolescence à la fin de la jeunesse était porteurs d'horizons nouveaux que nous ne percevons plus.

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