Joyeux Anniversaire Nefer ChonChon !

Bientôt un demi-siècle !

Tu parles d'un âge... L'idée de la fête est réjouissante, mais l'idée de voir, même en filigrane, que le compteur est déjà à 50, c'est une toute autre affaire, même quand on l'a trafiqué, et qu'il est bloqué à 28 ans.

Puisque "mon" cher Hebus a décidé qu'il fallait profiter de ce week-end pour m'offrir un "Norouz bis" en guise de non-anniversaire quelques jours avant ledit anniversaire, après tout, pourquoi regimber ? Moi qui pensais me retrouver dans je ne sais laquelle de nos campagnes françaises, me voici en plein coeur de Paris, dans une chambre immense, probablement la plus kitsch du monde, "pire" encore que ce qu'aurait pu imaginer Ludwig II de Bavière, puisque c'est une copie fidèle la fameuse chambre du Palais du Jardin des Fleurs, le fameux Palais du Golestan... Autant dire que ça brille ! Pour me reposer les yeux, je fise mon regard sur les beaux tapis d'Iran, tous plus beaux les uns que les autres.

Ici, c'est comme au Ritz, il est interdit de prendre des photographies ! Dommage, parce que votre serviteur au milieu d'un conte des 1001 Nuits, ça en jette, même si je n'ai pas (encore) les rondeurs orientales.

Nefer, en vieil égyptien, c'est "le beau". Soit. Tout ça n'est pas très "cohérent", mais admettons ce cadre égypto-perse, c'est plutôt iconoclaste entre la Place du Trocadéro et la Place d'Iéna, à deux pas de l'exposition Keith Haring au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris ! Après tout, chacun sa vérité, et c'est mieux que d'être "le moche". Il faut prendre les choses comme elles viennent. Et ce qui est venu, c'est le petit déjeuner en tout point conforme au repas que l'on sert pour Norouz, autant dire un repas matinal qui vaut pour toute la journée !

Entre la chambre et la salle de bains - et ici, le mot "salle" n'est pas usurpé - il y a un vestibule. Voilà qu'un "majordome" m'explique que ce n'est rien de moins qu'une réplique "à l'identique" d'un coin d'une fameuse mosquée, avec céramiques aux tons violets, avec moucharabieh. C'est magnifique ! Je me sens minuscule dans mon gigantesque peignoir à capuche de trois kilos (!) qui m'enveloppe de la tête aux pieds. C'est radicalement différent de la chambre, c'est apaisant, comme s'il fallait une transition entre les soubresauts dans le lit et le repos dans la baignoire-piscine.

Quelle concordance des temps : on dirait un voyage de noces ! Et ça, ça me fait rire. Je fais remarquer à "mon" cher Hebus espère que la foule n'attend pas le drap tâché de sang qui attesterait de ma virginité, parce que ça risque problématique... Aucun risque, les traditions perses antiques n'étaient pas du tout pudibondes.

Je ne peux pas résister : puisque le "petit déjeuner" (qui n'a décidément rien de petit !) est encore dans "la chambre qui scintille", je m'en retourne picorer. C'est l'avantage d'un "mezzé", c'est plein de petits plats et chacun recèle des saveurs délicieuses. Hebus a mis un CD de "musique classique iranienne" (c'est à dire pré-islamique) pour accompagner le repas. C'est très lancinant, presque hypnotique, et ça convient tout à fait au cadre du repas. Je ne retiens pas le nom des instruments de musique, juste qu'il y a des sortes de luths, de flûtes, de percussions et de harpes... Je retiens quand même que le tambur est un instrument à cordes !

Toujours pendant que je grignote, j'apprends que le culte du dieu Mithra était un culte païen (le paganisme, ça me parle immédiatement), culte antérieur de 15 siècles au christianisme, pour lequel furent composées de nombreuses musiques aux harmonies et rythmiques langoureuses. La langueur... je commence à bien comprendre qu'après deux petits déjeuners entrecoupés d'un bain, la langueur ne se discute pas, et qu'une sieste seulement quelques heures après le lever sera nécessaire.

C'est très étrange de déjeuner au milieu de toutes ces fleurs particulièrement odoriférantes : jacinthes, jasmin, roses, et pivoines. Je suis enfermé dans un flacon de Serge Lutens qui tient lieu de lampe d'Aladin avec un beau et bienfaisant génie ! C'est voluptueux.

J'en oublierais presque que je vais avoir 50 ans dans quelques jours.