Easy Money

Arrivisme.

Stockholm la noire où la Blanche règne en maître...
JW est un étudiant en École de Commerce brillant, ambitieux et fauché qui s'aventure dans le milieu du crime organisé. 
Jorge, dealer en cavale, fuit la police et la mafia yougoslave mais avant de prendre le large une bonne fois pour toutes, il veut faire un dernier coup: importer une grosse quantité de cocaïne.
Mrado, tueur à gages, est chargé de pister Jorge.
Sur le chemin de l’argent facile, il faudra s’allier et trahir, se défendre et tuer, mais surtout, essayer de survivre...

Je ne connaissais pas Daniel Espinosa, et je ne regrette pas d'être allé voir don film, qui propose une alternative européenne intéressante et crédible aux polars hollywoodiens. Déjà, il tire au gros calibre sur tous les clichés et toutes les idées reçues qu'on peut avoir sur la Suède. Ensuite, il réussit un savant mélange entre critique sociale et polar ultra-sombre. Enfin, c'est une très belle orchestration d'un chassé-croisé entre un étudiant ambitieux, un dealer en cavale et un gangster serbe, présentant trois points de vue jamais simplistes.

Chacun de ces trois protagonistes principaux est ambigu, et oscille constamment entre peur et détermination. Ils assument cette plongée chorale dans les rouages du grand banditisme suédois, chacun combinant son constat social personnel, son réalisme cru, et assumant la virtuosité du suspense avec ses accents de tragédie individuelle. Ce suspense est un monument de tension qui joue avec les nerfs du spectateur, jusqu'au final, presque hallucinant de sauvagerie et de désespoir.

Joel Kinnaman (l'étudiant), Matias Padin (le dealer), et Dragomir Mrsic (le gangster serbe) sont parfaits, chacun ayant sa petite part de vie intime au-delà du thriller, et présentant plusieurs facettes de jeu. Ils sont entourés de toute une liste de seconds rôles tout aussi bien portés.

Voici donc un film dans la lignée de la magnifique trilogie "Pusher" de Nicolas Winding Refn (1996-2004-2005) portée entre autres par le magnifique Mads Mikkelsen, qui nous venait déjà du nord (Danemark-Suède), même s'il n'en possède pas toute la virtuosité.

C'est un film violent, efficacement filmé, baignant dans une atmosphère froide et ténébreuse, et qui réussit cet étrange paradoxe : imposer un ton nouveau, une thématique contemporaine liée à la mondialisation et à l'arrivisme, en conservant tout ce que l'homme tient en soi de tragédie antique.