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2 janvier 2010

Un peu de désordre !

Th_orie_Bordel_Ambiant

Savoir secouer...

A mes yeux à ceux d'autres personnes, (et cela vient même d'être misérablement repris par le Président de la Rébublique), une des plus grandes idées du XXIème siècle sera la Fraternité. En effet, si les champs de la Liberté et de l'Egalité sont sans cesse labourés, celui de la Fraternité, depuis le Conseil National de la Résistance en France, aura été lamentablement laissé en jachère, volontairement, à des fins politiques.

Les rappels qui nous sont adressés par les défis climatique, économique, social, culturel (relations nord/sud, environnement) auront ramenés la Fraternité sur le devant de la scène, même si peu de choses sont faites actuellement pour la raviver, notamment en termes de politique fiscale, par l'actuel gouvernement français. Barack Obama, lui, de son côté, aura mieux perçu cet impératif, et ses appels au dialogues entre les cultures et les religions, sa réforme du système de santé, le démontrent.

Mais c'est presque un poncif, un cliché que de dire cela. En revanche, d'autres champs d'idée sont abandonnés, peu repris, et il va falloir s'y atteler. Je pense à ces discours sur l'ordre, toujours l'ordre, doivent être remis en cause. Il y a 20 ans déjà, c'est Roland Moreno qui "théorisa" cet impératif de désordre, avec un grand succès.

Passionné d'électronique, Roland Moreno se lance très jeune dans la fabrication de gadgets aussi farfelus les uns que les autres. Après quelques petits boulots dans le monde de la presse, Roland Moreno cree, en 1970, la société "Innovatron" pour "vendre ses idées". C'est en 1974 qu'il brevète la carte à puces. L'histoire de la carte à puces est connue. Elle s'est déclinée en carte téléphonique, puis en carte bancaire pour aujourd'hui être intégrée dans la carte SIM.

Roland Moreno dirige toujours la société "Innovatron" qui continue à vendre des idées. Il se passionne notamment pour la musique et garde un oeil acerbe sur l'actualité.

En juin 1990, Roland Moréno publie la "Théorie du bordel ambiant" aux éditions Belfond. Le succès est immédiat. En effet, loin d'être un pensum, l'ouvrage de notre inventeur est le reflet d'un certain regard sur les choses de ce monde, de la télévision à l'art contemporain en passant par le communisme... Bref, un bouquin à se tordre de rire, inclassable, où l'auteur nous invite à partager et à observer de plus près son monde, celui de l'entropie, de l'irréversible...et de la coiffure. Roland Moréno, dans cette admirable "déconographie", nous étonne par la richesse de ses références (de Cavanna à Einstein en passant par Woody Allen), par l'abondance de notes, sous-notes et illustrations, et par l'index qui, à lui seul, constitue une vraie lecture.

Par "désordre", il faut entendre tous les synonymes qui vont avec, et même aller plus loin encore : il y a des vertus à braver certaines règles, à désobéir, au même titre qu'on reconnaît des vertus à l'inventivité et à la créativité, qui ne sont rien d'autres que des chaos.

Et, acceptant cet impératif de "désordre", c'est le regard de la société vers sa jeunesse, et donc vers son avenir, qui s'en trouvera modifié. Il devrait en être terminé de la lutte des Hauts-de-Seine (le 9-2) contre la Seine-Saint-Denis (le 9-3), symptôme et symbole de la politique actuelle ; terminé aussi l'affrontement (même et surtout électoral) des vieux contre les jeunes, des blancs contre les métissés. En acceptant cette intrusion du désordre dans nos vies millimétrées, c'est toute notre factice pensée ordonnancée qui s'enrichira.

Il ne s'agit évidemment d'accepter tous les chaos, toutes les anarchies, toutes les bravades. Il s'agit de regarder d'un autre oeil l'altérité, comme on a remis en cause le taylorisme (pas suffisamment) dans les entreprises. Il faut réapprendre à aimer les excentricités, les mondes interlopes, la diversité du monde. 

Et donc à mon sens, le pas n'est pas grand de l'acceptation d'un certain bordel à la mise en oeuvre d'une Fraternité plus vaillante. Mais j'ignore où sont les politiques qui auront la réelle volonté d'engager cette pédagogie nouvelle en faveur d'un peu de désordre, celui-là où chacun trouvera sa place. Pourtant, aimer les petits foutoirs, c'est aussi éviter les grands chaos, comme le terrorisme. 

Je ne suis pas particulièrement pessimiste à terme, parce que c'est une nécessité, et qu'en France, d'autres quinquennats viendront. Même si notre "maintenant" ne fait que muter nos sourires en grimaces. En attendant un peu de désordre(s).

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