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La Vie ChonChon
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14 février 2010

C'est ici que je vis.

C_est_ici_que_je_visApprentissage adolescent.

Arnau a 17 ans. Sa mère est en prison, il ne comprend pas bien pourquoi et ne rêve que de l'en faire sortir. Mais pour cela il faudrait un bon avocat, donc de l'argent et ça, Arnau n'en a pas, pas plus que sa soeur, son frère ou son oncle.
Arnau a une passion, les concours d'oiseaux chanteurs. Il en élève plusieurs qui sont un peu ses seuls amis.
Quand son oiseau favori devient le champion de Catalogne et que son oncle lui apprend qu'on peut gagner beaucoup d'argent aux courses de lévriers, Arnau va alors rêver à un avenir meilleur...

Marc Recha nous propose un film tout en délicatesse, et prend le parti de rester aux antipodes de l'emphase. Excellent choix, alors que le cinéma ne cesse de nous étouffer avec ses esbroufes, ses poudres de perlinpinpin, ses effets spéciaux sans scénarii pour les soutenir.

La mise en scène est parfaitement ciselée, tous les cadres sont réussis, et les couleurs viennent animer ce très intéressant parti-pris de minimalisme. C'est tout l'art du cinéma "buissonnier" de Marc Recha.

Le film est social et poétique, sans que jamais l'aspect sociologique ne vienne écorner la poésie. L'émotion que suscite le drame reste tendue, sans pour autant prendre le spectateur en otage. C'est d'une très intéressante finesse.

Toute la poésie est aussi dans ces concours de chants d'oiseaux, inédits au cinéma, mais aussi dans l'adoption d'un renard blessé par Arnau. Au sens propre comme au sens figuré, il fait donc "entrer le renard dans le poulailler", et il faudra, tôt ou tard, en payer les conséquences. Il y a aussi les courses de lévriers, où l'on spécule, où l'on parie, où l'on "joue" de l'argent, comme une métaphore de la cupidité des boursicoteurs. Le film, avec ses paysages et ses animaux, ne sombre pas dans le panthéisme. 

Pour l'interprétation, on note la présence du sculptural Eduardo Noriega (sublime dans "Vies Brûlées" de Marcelo Pyneyro en 2002 ; la mystérieuse Eulalia Ramon, déjà vue chez Carlos Saura, mais aussi chez Marc Recha, dans "Les Mains Vides" en 2004, déjà au côté d'Eduardo Noriega. Dans le rôle de l'oncle, on retrouve Sergi Lopez, toujours au sommet de son art dans les seconds rôles (dans les premiers rôles, je le trouve plus contestable).

Marc_SotoOn découvre Marc Soto, plein de mystère, bien que sans fausse timidité, qui porte le film avec beaucoup de finesse. Il incarne parfaitement cet Arnau, à la fois délicat, mais ne reculant pas devant ses responsabilités, avec une évidente maturité. Ce rôle presque silencieux devient très expressif derrière les délicates expressions de Marc Soto, dont les inquiétudes et les sourires sont plus évoqués que démonstratifs. Admirables fossettes.

Comme le film, il est tout en délicatesse, presque gauche, avec cette démarche adolescente peu assurée, les bras collés au corps, malgré une évidente détermination. Il n'y a pas que Pedro Almodovar pour découvrir de réels talents espagnols.

J'encourage quiconque n'est pas rebuté par un cinéma assez contemplatif, et qui n'envisage pas la poésie comme totalement rédhibitoire, à aller voir ce film très réussi, qui parvient à dessiner, en arrière plan, un conteste social difficile, mais qui échappe de façon judicieuse au pathos.

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