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7 août 2010

Cellule 211

Cellule_211La prison vue par le maton.

Soucieux de faire bonne impression, Juan débute un jour plus tôt son nouveau travail dans une prison de haute sécurité. Mauvais timing ! À peine arrivé, il se retrouve au cœur d'une émeute. Personne ne le connaît et le hasard va lui permettre de se faire passer pour un prisonnier. Il peut ainsi approcher le leader de l'insurrection. Quand des membres de l'ETA sont retenus en otage, l'affaire prend un tour politique et le gouvernement s'en mêle.

Je n'avais vu aucun des deux films précédents de Daniel Monzon, "Le coeur du guerrier" en 1999, et "The Kovak Box" en 2006, qui m'étaient apparus comme deux films de SF à peine mieux que des épisodes de séries TV. C'est donc sans attendre rien de particulier que je suis allé voir "Cellule 211".

C'est un thriller carcéral violent, qui du point de vue de la mise en scène n'a pas grand chose à envier aux thrillers étasuniens, avec peut-être même une touche de réalisme en plus. Le réalisateur choisit, ce qui fait l'originalité du film, le point de vue du maton et non pas celui du prisonnier, et ce changement d'angle permet d'appréhender différemment l'univers carcéral.

Le décor, une véritable prison, offre de nombreux recoins truffés de caméras, ce qui permet d'assister à un jeu de chats et de souris entre mations et prisonniers, particulièrement anxiogène, maintenant une tension permanente qui va crescendo. Et là où le scénario est plutôt malin, c'est qu'il ne cesse d'inverser constamment les rapports de force pour relancer l'intrigue et maintenir le spectateur en haleine.

Alberto Amman (Juan Oliver) est parfait de fébrilité, coincé dans son secret à paraître un prisonnier et à dissimuler qu'il est maton. Antonio Resides (Utrilla) est sec, violent, intransigeant, parfait dans son rôle. Carlos Bardem (Apache), avec sa gueule de cinéma, est physiquement impressionnant et glaçant de rage. Quant à Elena Etura, que j'avais découverte et beaucoup aimée dans le très beau "Azul" de Daniel Sanchez Aezvalo en 2007 est très délicate.

Luis_Tosar"Cellule 211" ne serait pas ce qu'il est sans Luis Tosar, dont il faut retenir le nom. Cet acteur est un corps qui habite l'écran, comme il y en a peu. Malgré une filmographie riche depuis une dizaine d'années, il est assez peu connu en dehors de l'Espagne. Inévitablement, ça va changé. Il a déjà donné la réplique à Penelope Cruz, Fanny Ardant, Mira Sorvino, Victoria Abril, ainsi qu'à Javier Bardem, Colin Farrel, Jamie Foxx et Isaac de Bankolé. Des réalisateurs de la trempe de Michael Mann et Jim Jarmush lui ont déjà fait confiance, et ça ne va pas s'arrêter là.

Il est admirable de puissance dans ce rôle de "Malamadre", jouant avec une rare aisance de son corps imposant et de son regard noir. Il a largement mérité son Goya (équivalent d'un César).

Nous sommes donc devant un film bien mis en scène, qui sait tirer parti de son décor, et maintenir une certaine tension. Mais il n'élève pas le débat au-delà de l'histoire qu'il raconte, malgré sa toile de fond politique, comme l'ont fait "Dog Pound" de Kim Chapiron, et surtout l'excellent "Un Prophète" de Jacques Audiard.

Il n'en demeure pas moins que c'est un bon thriller carcéral, oppressant à souhait, proposant un angle de vue original, et surtout, permettant de faire plus ample connaissance avec Luis Tosar.

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