Une famille brésilienne

Brésil d'aujourd'hui. Sao Paulo. 20 millions d'habitants, 200 kms d'embouteillage, 300 000 coursiers. Au coeur de cette ville en transe, quatre frères essaient de se réinventer de manières différentes. Reginaldo, le plus jeune, cherche obstinément son père ; Dario rêve d'une carrière de footballeur, mais l'âge, 18 ans, le rattrape ; Dinho se réfugie dans la religion ; tandis que l'aîné, Denis, déjà père d'un enfant, gagne difficilement sa vie. Leur mère, Cleusa, femme de ménage qui élève seule ses quatre enfants nés de pères différents, est à nouveau enceinte. A l'image d'un Brésil en état d'urgence et en crise identitaire, tous cherchent une issue. Walter Salles et Daniela Thomas nous ont déjà proposé plusieurs films proposant une photographie du Brésil actuel, ensemble ou séparément. En dehors de "Central Do Brazil", ce n'est pas un cinéma que j'affectionne plus que ça, je le trouve un peu sirupeux. (En revanche, Walter Saller en producteur de "La Cité de Dieu" de Fernando Meirelles & Katia Lund, j'adore !) Une famille brésilienne est donc un film choral, centré autour d'une mère courage plutôt sympathique et forte en gueule, autour de laquelle gravitent ses quatre fils. L'inconvénient majeur, à mon sens, c'est que chaque fils est un peu caricatural : le petit escroc, le footballeur, le religieux, "l'orphelin" de père. L'addition de ces quatre profils typiques ne dessine pas précisément ce qu'est le Brésil d'aujourd'hui. Sandra Corveloni incarne bien cette mère un peu débordée, interprétation qui lui a valu son Prix d'Interprétation à Cannes. Elle ne le méritait pas moins qu'une autre actrice, mais pas davantage non plus. Ce qui m'aurait intéressé, c'est ce Brésil "en mutation" d'aujourd'hui. Et c'est vrai qu'on est loin de certains clichés (les plages, le carnaval, les télé-novelas...) mais qu'on en étreint d'autres au travers du parcours de chacun des frères. D'autre part, c'est un film choral qui n'en est pas tout à fait un, tant l'histoire de chaque frère semble séparée de celle des trois autres. Pourtant, l'idée de départ est plutôt bonne. Le film n'est pas désagréable à regarder, mais il est un peu long, et on n'y apprend pas grand chose, ni sur la vie des gens, ni sur les changements qui interviennent dans la société brésilienne du Sao Paulo d'aujourd'hui. Les réalisateurs devraient s'inspirer davantage des cinéastes chinois, qui eux, savent nous montrer le visage changeant de la Chine, comme le fait notamment Jia Zang Ke dont "24 City" est actuellement en salles, et qui nous avait précédemment proposé les excellents "Platform", "The World" et Still Life".