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1 août 2009

Maurice Grimaud

Grimaud_Maurice Ce petit Grand Homme.

L'évocation de certains noms aux actualités nous ramène à des temps anciens, celui de nos études, où nous apprenions le long défilé de l'Histoire de France.

Maurice Grimaud (11/11/1913-16/07/2009) est incontestablement de ceux-là. Pour des raisons personnelles et familiales, son nom a toujours évoqué pour moi celui d'un humaniste, sensiblement de gauche, puisqu'il avait appuyé la requête d'une de mes proches pour la dissolution du groupe "Occident" en octobre 1968, ce qu'il fit fermement. Mais ce que nous apprenions dans un amphithéâtre de la Sorbonne, c'était sa lettre adressée à chaque fonctionnaire des forces de police, le 29 mai 1968, dont voici l'extrait demeuré fameux :

=> "Frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation. Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu'une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n'a pas de limite."

On vient de relire cette lettre en hommage à cet intelligent Préfet de Police de Paris dans tous les commissariats. Comme si aucun de ses propos, tristement, n'avait perdu de son actualité au fil du temps. Je me rappelle mon père nous raconter sa désolation du prédécesseur de Maurice Grimaud, l'autre Maurice, sinistre celui-là, Papon. L'homme des Algériens jetés dans la Seine, l'homme du métro Charonne où des manifestants furent étouffés et piétinés, le 17 octobre 1961. Je me rappelle les trémolos dans la voix de mon père, et les larmes lui montant aux yeux, que seul le nom de Maurice grimaud asséchaient.

Maurice Grimaud avait le regret de ne pas être un "cacique" (il a raté Normale Sup), mais fut néanmoins un très grand serviteur de l'Etat, pragmatique avec Pompidou, plus engagé aux côtés de Gaston Deferre, oeuvrant fermement pour la Décentralisation. Alors bien entendu, il a été moqué par les manifestants de mai 1968, mais son humanisme fut toujours reconnu, de Cohn-Bendit comme de Krivine. Alors bien entendu, il a été moqué par la droite défaite en mai 1981 pour ses sympathies socialistes, chacun lui reconnaissant cependant son intégrité.

Incontestablement, il a sauvé des vies en évitant le pire (autrement dit en évitant des morts) en 1968. Il regrettait de ne pas avoir été un héros, ne s'engageant pas dans les Brigades Internationales en 1936, pas plus que dans la Résistance quelques années plus tard. Mais il n'est nullement besoin d'être un héros pour avoir sa place, même modeste, surtout indémodable, dans l'Histoire.

A relire, "En mai, fais ce qu'il te plaît", de Maurice Grimaud (1977). La vision qu'il avait des forces de police reste une référence, qu'il serait bon de ravigoter ces temps-ci !

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