Mon petit pavé.

Rangement d'été.

C'est toujours ainsi : il arrive un moment où chez soi c'est tellement le bazar qu'il faut ranger. Voilà, ça m'a pris récemment, à cause d'un manque évident de place, à cause aussi d'une énergie subite, j'ai voulu ranger un peu, et surtout, ranger par le vide.

C'est ainsi que j'ai rouvert de vieux cartons qui dataient, sinon de Mathusalem (il ne faut pas exagérer), au moins de plusieurs décennies. Et comme j'ai le vilaine propension à ne rien jeter, j'ai retrouvé des "tonnes" de vieilles bricoles oubliées, souvent inutiles, mais aussi quelques vieux souvenir. Il se trouve que j'en ai très peu, ni de mes quatre grands-parents, ni de mes mes deux parents, tous morts.

Et voilà que je "tombe" sur ce pavé que m'avait offert ma mère, du temps où elle commençait déjà à perdre la raison qui nous est commune à tous. Mais attention, selon ses dires, et c'est possible, il s'agit d'un véritable pavé de mai 1968, ramassé dans je ne sais quelle rue près de la Sorbonne, au temps des "événements". J'avais totalement oublié que j'étais en possession de ce petit fragment de "patrimoine national", dérobé par ma mère en des temps si reculés.

Alors certes, ce pavé m'encombre, et n'est pas une décoration à proprement parler. Côté souvenir, j'avais 5 ans à l'époque, et je me souviens davantage du grand défilé de grève, "pour ton anniversaire" me faisaient croire mes parents à l'époque, que de la révolte estudiantine et germano-pratine. Mais je ne peux me résoudre à jeter mon pavé.

Et, puisque je le traîne depuis longtemps, je vais continuer de le traîner. Comme moi, il a fait Paris-Toulouse-Paris, au gré de mes déménagements. C'est bien le seul objet "de poids" que je possède ! Parce que c'est lourd ce truc. De plus, il a je ne sais quoi de Proustien, puisqu'il m'évoque, au delà de ma mère, un passé lointain, mon enfance. En attendant que je ne le confine de nouveau dans un vieux carton au fond d'un placard, je vais l'exposer un peu dans mon salon.