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La Vie ChonChon
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7 février 2011

Carancho

CaranchoFuir un engrange.

Sosa est un "Carancho" : un avocat spécialisé dans les accidents de la circulation à Buenos Aires. Grâce aux assurances et à la corruption, il profite sans scrupules des nombreuses victimes de la route qui enrichissent une poignée d’avocats et de policiers mafieux.

Un soir, à la recherche de potentiels clients, il rencontre Luján, une jeune urgentiste qui cumule les heures de travail et se drogue régulièrement pour tenir. Leur histoire d’amour commence là, dans la rue, la nuit. Elle essaye de sauver la vie d’un homme, il essaye d’en faire son client.

Pablo Trapero nous propose, après notamment "La vie de famille" en 2004 et "Leonera" en 2008 (sur la maternité en prison, très réussi) un film qui s'articule autour de différents axes : polar, romance, pamphlet politique. Et nous sommes devant un thriller social très dur, très noir et sanglant, dans la nuit argentine de Buenos Aires. Il nous propose la description, presque médicale, sous la lumière blafarde des néons d'hôpitaux, d'une société violente et corrompue.

Il s'agit donc d'un cinéma très sensible aux enjeux de société, cruellement lucide, d'une âpreté physique impressionnante, où le suspense et la tension vont crecendo. C'est prenant, éprouvant, fascinant, presque suffocant. On n'est pas très loin de "O Fantasma".

Dans cet univers à la limite du supportable, Pablo Trapero essaie de dessiner la naissance d'une histoire d'amour, comme une floraison sur un tas d'immondices, et là encore, l'impact physique est très percutant.

Il s'appuie sur deux interprètes impeccables. Martina Gusman, sa compagne dans la vie, et qui joue ici pour la quatrième fois sous sa houlette, est une touche-à-tout du cinéma, actrice, monteuse, productrice. Elle est formidable dans ses oscillations entre le courage, la drogue, le désir d'aimer, acceptant toute la dimension corporelle, physique de son rôle.

Ricardo Alberto Darin, même s'il a déjà une très belle filmographie derrière lui, est trop méconnu. je l'avais découvert en 2007 dans le très très beau "XXY" de Lucia Puenzo, puis retrouvé dans le très intéressant "Dans ses yeux" de Juan José Campanella en 2010. Lui aussi assume un rôle dont l'impact physique est très puissant, d'une crudité parfois aux confins du supportable. C'est admirable.

Pablo Trapero parvient même à nous mener aisément à une morale très chrétienne, "On paie toujours par là où on a péché", dans un plan séquence final qui nous cloue à votre siège et nous coupe le souffle.

C'est un excellent film, très dur, presque sans rédemption, sans espoir, tant la violence sanglante en est le métronome implacable.

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Commentaires
1
Miam, ça donne envie! t'es le meilleur Chonchon, tes critiques sont précises, intelligentes, vivantes, argumentées et permettent de découvrir tout un tas de choses. Je te déclare d'utilité publique -)
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