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10 avril 2011

Essential Killing

Essential_KillingChasse à l'homme.

Capturé par les forces américaines en Afghanistan, Mohammed est envoyé dans un centre de détention tenu secret. 
Lors d’un transfert, il réchappe d’un accident et se retrouve en fuite dans une forêt inconnue. 
Traqué sans relâche par une armée sans existence officielle, Mohammed fera tout pour assurer sa survie.

Il faut le dire tout de suite : "Essential Killing" est bien plus qu'un film. C'est une expérience sensorielle. Cela tient sans doute au réalisateur, Jerzy Skolimowski, touche à tout du cinéma. Il fut le scénariste d'Andrezj Wajda et de Roman Polanski ; il fut l'acteur de Volker Schlöndorff, Tim Burton, Mika Kaurismaki, Julian Schnabel et David Cronenberg ; et le réalisateur de "Deep End", "Le cri du sorcier", "Le bateau phare", "Travail au noir".

Ici, il nous propose le fruit un peu monstrueux de ce croisement entre l'efficacité du film d'action et la radicalité du film d'auteur. La mise en scène est d'une virtuosité confondante, aiguisée et hypnotique. Une radicalité formelle absolue et magnifique, jointe à la dynamique haletante d'une chasse à l'homme époustouflante.

Après une scène d'ouverture qui vous colle à votre siège, la tension ne se détend jamais. Et vous suivez Mohammed, traité en sous-homme, déporté, coupé de tout repère, dans une violence glaçante. Vous restez accroché à cette trajectoire de survie d'une détermination cruelle et dénuée de tout sentiment. Et le film, dans un geste de haute rage artistique de nous montrer un homme touchant à son animalité dans une vocifération humaine poignante au plus haut point.

Alors certes, cette splendeur est due d'abord au réalisateur, mais elle est due aussi à Vincent Gallo. Ami personnel de Basquiat, devenu acteur fétiche de Claire Denis, ayant tourné sous la direction de Martin Scorsese, emir Kusturica, Bille August, Abel Ferrara, Julian Schnabel, Mika Kaurismaki, Francis Ford Coppola (sublime "Tetro") ; réalisateur de "Buffalo'66" en 1999, de "Brown Bunny" en 2004... il est éblouissant, et justement récompensé à Venise. Entre la bête et l'ange, oeil effaré et corps affûté, luttant pour sa survie, dans ce rôle de fuyard, il est génial.

Voilà, c'est une oeuvre majeure et indispensable, une expérience sensorielle intense, presque animale, brièvement éclairée par la présence d'Emmanuelle Seigner. Magnifique épure, poignant mystère. C'est fort, minimaliste, passionnant. On songe un peu à "Gerry" de Gus Van Sant et à "O Fantasma" de Joao Pedro Rodrigues.

Et au-delà de son approche politique très intelligente (se retrouver dans la peau d'un moudjahidin traqué), c'est une véritable expérience de cinéma, un voyage violent où les sons, les paysages et les sens se répondent, dans un difficile équilibre entre l'abstrait et le concret. A voir absolument.

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