Medianeras

Murs mitoyens.

De nos jours, en Argentine, à Buenos-Aires.

Martin est phobique mais se soigne. Petit à petit il parvient à sortir de son isolement, de son studio et de sa réalité virtuelle. Il est web-designer. 
Mariana sort d'une relation longue. Elle est perdue et confuse, à l'image du désordre qui règne dans son appartement. Elle décore des vitrines de magasins.

Martin et Mariana vivent dans la même rue, dans des immeubles l'un en face de l'autre mais ne se sont jamais rencontrés. Ils fréquentent les mêmes endroits mais ne se remarquent pas. Comment peuvent-ils se rencontrer dans une ville de trois millions d'habitants ? Pourtant, ce qui les sépare les rassemble...

Le premier film (à ma connaissance) de Gustavo Taretto se présente comme une comédie sentimentale, à la façon du meilleur cinéma indépendant étasunien, comme "(500) jours ensemble" de Marc Webb avec les excellents Joseph Gondon-Levitt et Zooey Deschanel sorti en 2009. Très bonne référence donc.

Mais à la comédie sentimentale, le réalisateur ajoute, dans le fond et dans la forme, des éléments passionnants. En premier lieu, il de propose d'évoquer la brutalité de l'architecture et de l'urbanisme, et il le fait avec beaucoup de talent. En second lieu, il ne se prive pas de porter une regard acerbe sur une société où la technologie a échoué à rapprocher les humains, malgré ses promesses.

Dans la forme, Gustavo Taretto convoque aussi bien la photographie (Buenos Aires, magnifique et inquiétante) que le dessin animé, ainsi que les commentaires en voix-off de ses deux protagonistes principaux. C'est toujours très inventif et malicieux, et distille un charme indéniable.

La belle Pilar Lopez de Ayala est délicieuse. Je l'avais découverte en 2008 aux côtés de Lambert Wilson et Pascal Elbé dans "Comme les autres" de Vincent Garenq, puis revue dans "L'étrange affaire Angelica" de Manoel de Oliveira. S'ouvre à elle une jolie carrière. En face d'elle, j'ai découvert Javier Drolas, incroyablement magnétique. Dans un second rôle, l'immense plaisir de retrouver Inès Efron ("XXY" de Lucia Puenzo en 2007, brillant ; "La femme sans tête" de Lucrecia Martel ; "El Nino Pez" de nouveau sous la houlette de Lucia Puenzo en 2009, aussi brillant que le premier opus).

Et c'est donc un film qui, même s'il présente judicieusement un certain mal de vivre en ce début de XXIème siècle, est très rythmé, intelligent, plein de charme, et surtout, tout empreint de drôlerie décalée. Avec l'avantage précieux de découvrir deux interprètes subtils et très prometteurs.