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La Vie ChonChon
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4 juin 2011

Belleville Tokyo

Belleville_TokyoUne séparation ?

A Paris, un couple se dirige vers un train en partance pour Venise.

Sur le quai, Julien annonce à son épouse Marie qu’il part en rejoindre une autre et s’en va, la laissant seule à Paris, enceinte.

Bouleversée, Marie se refuse malgré tout à être victime de cette situation. Elle trouve du réconfort dans son travail auprès de ses deux « cow-boys » de patrons, Jean-Jacques et Jean-Loup, qui dirigent un cinéma du quartier latin, le "Grand Action" spécialisé dans les films classiques américains, et les grandes rétrospectives…

Elise Girard, ancienne attachée de presse, passe derrière la caméra pour nous proposer son premier long métrage, avec une forte teneur autobiographique, avec laquelle elle parvient à prendre une distance salutaire.

Malgré une économie de moyens, plus imposée que souhaitée, la jeune réalisatrice parvient à nous emmener dans une rupture amoureuse ausculté avec cruauté et drôlerie, tristesse et tendresse. C'est très finement observé. Et de l'anecdotique qu'est une séparation amoureuse, elle réussit une réflexion universelle, sur l'usure de l'amour, notamment. Elle réussit à évoquer des sentiments incompréhensibles, et parfois même inavouable.

Par ailleurs, elle dessine des parallèles intéressants entre la gestion d'un enfant à naître, la préparation d'un film à venir, et une séparation à mener à son terme. Elise Girard, malgré ces trois "lignes" différentes, ne nous embrouille jamais.

L'interprétation est excellente. Les seconds rôles sont parfaits, car Philippe Nahon et Jean-Christophe Bouvet sont des acteurs exceptionnels. Et ce sont eux qui apportent les petites touches de drôlerie au film, lui offrant ainsi une saveur particulière, et lui évitant un certain nombrilisme.

Pour interpréter son couple de fiction Marie & Julien, le choix du couple réel Valérie Donzelli & Jérémie Elkaïm est une très bonne idée. On ne cesse de se dire, malgré le propos du film - la rupture amoureuse - que ces deux-là sont faits l'un pour l'autre.

Valérie Donzelli est une incroyable touche-à-tout du cinéma français (scénariste, réalisatrice, actrice, coiffeuse, costumière, compositeur, interprète...) qui nous a proposé l'an dernier "La Reine des Pommes". Il faut dire qu'elle est issue d'un cinéma "iconoclaste", notamment sous la houlette de Sébastien Lifshitz, Agnès Varda, Guillaume Nicloux, Gilles Marchand, le génial Alain Guiraudie, Anne Fontaine, Benoît Jacquot, Delphine Gleize... Et dès l'aube de sa carrière, on sentait de vastes capacités.

Jérémie Elkaïm a longtemps été moins convaincant que sa compagne, en dépit d'un parcours intéressant : François Ozon, Sébastien Lifshitz, Bertrand Bonello, Fabrice Cazeneuve, Gilles Marchand, Benoît Jacquot, Valérie Donzelli, Maïwenn (dans "Polisse", récompensé à Cannes)... Il lui manquait et la force d'un Nicolas Cazalé, ou la maturité d'un Yann Trégouët, ou la finesse d'un Melvil Poupaud... Voilà que le temps et l'expérience l'auront joliment façonné.

C'est avec impatience désormais, que j'attends la sortie, fin août, la sortie de "La guerre est déclarée" où ils sont tous deux réunis.

Et d'ici là, je conseille ce "Belleville Tokyo" tout empreint, pour reprendre Xavier Leherpeur, de "mélancolie taraudante".

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