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8 octobre 2011

Le Skylab

Le_SkylabL'observatoire d'une "famille formidable".

Prenant le train en famille, Albertine (Karine Viard) va se rappeler son enfance : en juillet 1979, pendant les vacances d’été dans une maison en Bretagne. A l’occasion de l’anniversaire de la grand-mère, oncles, tantes, cousins et cousines sont réunis le temps d’un week-end animé.

La touche-à-tout du cinéma qu'est Julie Delpy, après "2 days in Paris" en 2007, "La Comtesse" en 2010, et avant "2 days in New-York" nous propose une chronique familiale autour de la bonne vieille trame du repas de famille, un classique du cinéma, et notamment du cinéma français.

Je tiens à rappeler en passant que Julie Delpy, (presque) découverte par Jean-Luc Godard en 1985, a joué notamment sous la houlette de Carax, Tavernier, Saura, Holland, Bouvet, Schlöndorf, Kieslowski, Bilal, Kaurismäki, Cordier ("Les douches froides" en 2002, Jarmusch, Hallström... Et c'est probablement de ces compagnonnages avec des très bons réalisateurs qu'elle a appris à diriger à la perfection ses acteurs. Car c'est de main de maître qu'elle emmène ici sa "troupe" et qu'elle gère ce grand bordel organisé.

Autour de Anna (JUlie Delpy), Jean (Elmosnino), et leur fille Albertine (Lou Alvarez), c'est en effet toute une famille que la réalisatrice observe. Elle a l'audace d'assumer pleinement la nostalgie (la chef costumière, Cristina Mirete, ne loupe aucun détail), tous les clichés, tous les archétypes, sans jamais les prendre de haut, ni sans craindre quelques petites touches de vulgarité, inhérentes à ces fameux repas de famille. Tout y est : l'averse impromptue pendant le repas, les engueulades politiques, les guerre d'Indochine et d'Algérie, les chansonnettes (le travail du superviseur musical, Matthieu Sibony, est excellent), les histoires d'horreur des enfants le soir sous la tente, les problèmes de couple, le féminisme, le passage de l'enfance à l'adolescence, les premiers émois sentimentaux et sexuels, etc...

Chaque acteur a droit à son "petit numéro", que Julie Delpy parvient à filmer comme s'il était pris sur le vif, avec décontraction et fantaisie, même si l'on comprend que tout est très travaillé. Elle parvient à diffuser un réel esprit de troupe, dont l'énergie est particulièrement contagieuse.

Skylab_FamilleLe film doit donc beaucoup à l'interprétation. Bernadette Lafont (Mamie), Emmanuelle Tiva (Mémé), et Albert Delpy (Grand-Oncle HUbert, superbement "loufoque") sont les aïeux. Derrière eux viennent les oncles et les tantes : Aure Atika (Tata Linette), Noémie Lvovsky (Tata Monique, excellente), Marc Ruchman (Tonton Loulou), Sophie Quinton (Tata Clémentine, je l'adore), Valérie Bonneton (Tata Micheline, délicieusement bègue), Denis Ménochet (Tonton Roger, parfait en ancien para, raciste tendance OAS), Jean-Louis Couloc'h (Tonton Fredo, très ancien scout BCBG de Boulogne-Billancourt), Michelle Godet (Tata Suzette), Candice Sanchez (Tonton Gustavo).

Derrière Lou Alvarez (épatante Albertine), il y a aussi toute la troupe de gamin, du nouveau-né aux adolescents, menée par l'excellent Vincent Lacoste (découvert en 2009 dans "Les Beaux Gosses" de Riad Salouf), impayable en fan de disco pétri de John Travolta dans "Saturday Night Fever" alors que le Punk et la New-Wave pointent déjà leur nez en France. Un autre adolescent, moins dégourdi et très boy-scout, a retenu mon attention, mais j'ignore s'il s'agit de Maxime Julliand ou d'Antoine Yvard (c'est le plus à droite de la photo de famille, à suivre donc).

Voilà, c'est un film sciemment populaire et familial, drôle et intelligent, qui respecte les codes de la chronique nostalgique autour d'un repas de famille, où tout tient à l'observation souvent incisive des personnages, et qui vaut surtout pour la justesse de l'interprétation. Une sorte de "comédie à l'italienne" où l'on croiserait les esprits de Sautet, de Pialat, de Bacri & Jaoui, où la réalisatrice évite, et la chronique trop bourgeoise, et la moquerie des "petites gens".

C'est tonitruant et frais à la fois, bien écrit, bien dirigé, bien interprété, parvenant à restituer toute une époque. Il faut prendre le film pour ce qu'il est et ce qu'il veut être, et donc surtout ne pas lui prêter des "ambitions" qu'il n'a pas. Une jolie fantaisie nostalgique, qui prend toutefois le temps de nous rappeler à l'actualité et de nous faire partager une réelle humanité.

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