Into the World
Voyage initiatique.
Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres.
Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.
Pratiquement pas un plan sans Emile Hirsch, que j'avais découvert il y a deux ans dans le très très bon "Lords of Dogtown" de Catherine Hardwicke. Sean Penn a probablement vu le même film que moi, pour avoir l'idée de recruter Emile Hirsch, pour deviner qu'il pourrait porter tout un film.
Sean Penn réussit son film, et ne néglige pas les personnages secondaires. Car derrière la nature, le héros Christopher McCandless et la littérature, il n'y a plus guère de place. Pourtant, les diverses rencontres sur le parcours du jeune homme sont réussies, à une exception près, celle de la jeune fille country (aux faux airs de Liv Tyler dans "Cookie's Fortune").
Je m'interroge sur le propos de Sean Penn. J'ignore en effet ce qu'il tâche de nous montrer, et probablement de nous dire, derrière cette nature, derrière ce parcours initiatique. Il me semble qu'en filigrane Sean Penn nous dit qu'il ne trouve guère de place pour les jeunes dans la société étasunienne actuelle, s'ils n'en acceptent pas tous les codes consuméristes, et qu'il le regrette profondément. Auquel cas je crois qu'il a raison.
Mais, si je reconnais que le film est un bon film, je ne suis pas totalement convaincu. Cet élève brillant qui pourrait entrer à Harvard me semble parfois un peu naïf, et porté par une mise en scène parfois un peu lyrique. Mais j'ergote probablement. Découvrir au bout de deux ans que "le bonheur ne vaut que s'il est partagé" quand on pourrait entrer à Harvard pose problème : soit Sean Penn s'émerveille devant une conclusion assez banale, soit il dénonce la lobotomie qu'est l'éducation américaine actuelle, mais ce n'est pas clair.
En revanche, si le côté paradis terreste au milieu de la nature est une idée à laquelle je n'accroche guère, je suis très sensible à deux ou trois choses dans ce film, qui font que je le conseille :
* le choix de l'acteur Emile Hirsch, certes très beau, mais pas forcément archétype étasunien. Sa maigreur finale touche au sublime ;
* l'importance accordée à la littérature et aux livres ;
* la place majeure qu'avait prise l'idéologie de la jeunesse contestataire de la fin des années 60 et des années 70 a disparu.
On n'accorde plus aucune place à la jeunesse contestataire alors qu'elle fut un réel moteur d'évolution sociétale.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=110101.html