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La Vie ChonChon
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14 octobre 2008

Andrea Mantegna, au Musée du Louvre.

Mantegna_PortraitSuperbe Exposition. Andrea Mantegna est un de mes peintres préférés. MisterNo m'a offert le plus gros livre existant sur l'art de cet artiste majeur, que je connais assez bien. Savoir que le Louvre organisait une grande exposition m'a enchanté. Et, dans les périodes de tumulte, rien ne vaut l'art pour se sortir de soi-même. Andrea Mantegna, deuxième fils d'un pauvre bûcheron naît à Isola di Carturo en 1431 en République de Venise. À l'âge de dix ans, il entre comme apprenti et est adopté en 1442 par Francesco Squarcione, à la tête d'un important atelier à Padoue. Comme Pétrarque, son célèbre compatriote, Squarcione est passionné par la Rome antique. Ses élèves, autant que lui, participent aux œuvres qui lui sont commandées. Mantegna est son disciple préféré. Squarcione lui apprend le latin et lui donne à étudier des fragments de sculpture romaine. Il maîtrise alors la perspective. Agé de 17 ans, Mantegna quitte Squarcione. Plus tard, il affirmera que son ancien maître avait utilisé son travail sans le payer correctement. Padoue attire des artistes de Vénétie et de Toscane et les œuvres de jeunesse de Mantegna sont très marquées par des peintres florentins tels que Paolo Ucello, Fra Filippo Lippi ou Donatello Sa première œuvre, aujourd’hui perdue, est un retable, destiné à l'église Santa Sofia (1448). Une série d’événements fortuits fait que Mantegna termine seul la plus grande partie du travail (qui fut presque entièrement détruit dans les bombardements de Padoue en 1944). L’esquisse de cette fresque a survécu. Elle est le travail préliminaire à une fresque plus ancienne qui nous est parvenue et que nous pouvons comparer à l'œuvre finale. En dépit de l’aspect authentique de ce monument, il n'est la copie d'aucune structure romaine connue. Pour habiller ses personnages, Mantegna adopte également les modèles de draperie mouillée des Romains, laquelle vient elle-même d’une invention grecque, bien que les attitudes tendues soient inspirées de Donatello. Mantegna_St_S_bastienParmi les autres fresques du jeune Mantegna se trouvent les deux saints qui surmontent le porche d'entrée de l'église San Antonio à Padoue (1452) et un retable montrant saint Luc et d'autres saints pour l'église de S. Giustina, maintenant à la galerie Brera de Milan (1453). Il est probable, cependant, qu'avant cette époque certains des élèves de Squarcione, y compris Mantegna, ont déjà commencé cette série de fresques dans la chapelle S. Cristoforo de l'église des Ermites de Saint-Augustin, regardée maintenant comme son chef d’œuvre. Andrea semble avoir été influencé par les vieux préceptes de ses maîtres ; dans les sujets plus tardifs, de la légende de saint Christophe, il combine avec ses autres qualités davantage de caractère naturel et de vivacité. Habitué comme il l’est à étudier les marbres et la sévérité du style antique, et considèrant les œuvres antiques comme supérieures à la nature, il s’efforce à la précision du trait, à la dignité de l'idée et du personnage, ce qui le fait tendre vers une certaine rigidité, et vers une austérité intègre plutôt que vers une sensibilité aimable de l'expression. Ses draperies présentent des plis puissants et étroits, étant étudiés (dit-on) sur des modèles drapés en papier et des tissus collés. Des personnages minces, tout muscles et tout os, mais à l'énergie contenue, voilà qui élève son style et lui donne une majesté athlétique. Jamais il n'a changé cette manière qu'il avait adoptée à Padoue ; sa coloration, au début neutre et indécise, se renforce et mûrit. Il y a dans tout son travail plus d’équilibre dans les couleurs que de finesse dans la tonalité. Un de ses grands objectifs est l'illusion d’optique, fondée sur la maîtrise de la perspective ; et il y parvient tout seul, grâce à un travail laborieux, même si sur ce point il n’atteint pas la perfection et s’il ne dépasse absolument pas ce qu’on fait alors de mieux. Mais l’illusion de la réalité reste étonnante. Mantegna_Christ_MortMalgré son succès et l’admiration dont il fait l’objet, Mantegna quitta son Padoue natal et n’y revint jamais. On y a vu le résultat de l’hostilité de Squarcione. Il passe le reste de sa vie à Vérone, à Mantoue et à Rome ; on n’a pu établir s'il a aussi résidé à Venise et à Florence. À Vérone, vers 1459, il peint un grand retable pour l'église San Zeno Maggiore, une Madone et des anges, avec quatre saints de chaque côté. Depuis quelques décennies déjà, le marquis Louis III Gonzague, marquis de Mantoue presse Mantegna d’entrer à son service ; en 1460, il est nommé artiste de cour. En 1466 il s’installe avec sa famille à Mantoue même. Il reçoit un salaire de 75 lires par mois, somme considérable pour l’époque et qui indique nettement la haute estime dans laquelle on tient son art. Il est en fait le premier peintre de Mantoue. Son chef-d’œuvre réalisé dans cette ville est peint dans la partie du château de la ville, aujourd'hui connue sous le nom de Camera degli Sposi (Chambre des Époux) : une série de compositions ne comprenant que des fresques dans une seule pièce et montrant différentes représentations de la famille Gonzague dans leur vie quotidienne. La décoration de la chambre est terminée vers 1474. Les dix années qui suivent ne sont pas heureuses pour Mantegna : son caractère devient irritable, son fils Bernardino meurt, son épouse Barbara meut aussi, en 1481. C’est seulement avec l'avènement de François II que les commandes artistiques reprennent. Il construit une maison imposante au voisinage de l'église San Sebastiano, et l’orne avec une multitude de peintures. À cette époque, il commence à réunir quelques bustes antiques de Rome (qui furent donnés à Laurent de Médicis il visita Mantoue en 1483), peint quelques fragments architecturaux et décoratifs, et achève son impressionnant saint Sébastien, maintenant visible au Louvre. Mantegna_Adoration_MagesEn 1488, Mantegna est appelé par le pape Innocent VIII pour décorer de fresques le belvédère d’une chapelle au Vatican. Cette série de fresques, y compris un remarquable baptême du Christ, seront détruites par Pie VI en 1780. Le pape traite Mantegna moins généreusement qu'il ne l’a été à la cour de Mantoue ; mais, à tout prendre, leur entente, qui cesse en 1500, n'a été nullement désavantageuse pour aucune des deux parties. Retourné à Mantoue en 1490, il reprend avec force sa vision plus littéraire et plus amère de l’Antiquité, et se lie étroitement avec la nouvelle marquise, Isabelle d'Este, cultivée et intelligente. Dans ce qui maintenant est sa ville, il continue son travail avec les neuf peintures a tempera du triomphe de Jules César, qu’il a probablement commencées avant son départ pour Rome, et qu’il termine autour de 1492. Ces compositions, superbement inventées et réalisées, rayonnantes de toute la splendeur du principal sujet et des accessoires, grâce à la formation classique et à l’enthousiasme d’un des plus grands esprits de son temps, ont toujours été mises au premier rang parmi les travaux de Mantegna. Considérées comme son travail le plus achevé, elles sont vendues en 1628 avec la majeure partie des trésors d'art de Mantoue, mais aujourd'hui elles restent extrêmement endommagées par des rafraîchissements maladroits. Malgré une santé déclinante, Mantegna reste actif. Parmi d’autres travaux de la même période on trouve la Madone des cavernes, saint Sébastien et la célèbre Lamentation au-dessus du Christ mort, qu’il a probablement peinte pour sa chapelle funéraire personnelle. Un autre travail des dernières années de Mantegna est ce qu’on appelle la Madone de la Victoire, vers 1495, en souvenir de la bataille de Fornoue ; l'église qui à l'origine a abrité ce tableau a été construite suivant les plans même de Mantegna. La Madone est représentée en compagnie de plusieurs saints, de l'archange saint Michel et de saint Maurice qui lui tient son manteau, sous le prolongement duquel se tient François II à genoux, dans une profusion de riches guirlandes et d’autres ornements. Indépendamment de sa perfection dans l’exécution, cette œuvre compte manifestement parmi les plus belles et les plus attachantes des œuvres de Mantegna où les qualités de beauté et de séduction sont souvent exclues, au profit de la poursuite rigoureuse de ces autres idéaux plus appropriés à son génie grave : la tension de l’énergie s’exprimant dans une passion hagarde. Mantegna_Vierge_EnfantÀ partir de 1497 Mantegna est chargé par Isabelle d'Este de transposer les thèmes mythologiques chantés par le poète de cour Paride Ceresara dans des peintures destinées à son appartement privé (studiolo) au Palais Ducal. Ces peintures sont dispersées au cours des années suivantes. Après la mort de son épouse, Mantegna a à un âge avancé un fils naturel, Giovanni Andrea ; et vers la fin, bien qu'il continue de se lancer dans toutes sortes de dépenses, il connaît de graves ennuis, comme l'exil de Mantoue de son fils Francesco. Il est possible que le vieux maître, connaisseur éclairé, a considéré comme à peine moins tragique la nécessité de se séparer d’un buste antique de Faustina qu’il aimait beaucoup. Très peu de temps après cette vente, il meurt à Mantoue, le 13 septembre 1506. En 1516, un superbe monument est placé en son honneur par ses fils dans l'église San Andrea, où il avait peint le retable de la chapelle mortuaire. Le dôme a été décoré par Le Corrège. Mantegna n’a pas moins brillé comme graveur, même si c’est une question assez difficile à étudier, en partie parce qu'il n'a jamais signé ni daté aucune de ses plaques, sauf une fois, en 1472, et le fait est contesté. La liste qui nous est parvenue montrerait que Mantegna a commencé la gravure à Rome, incité à le faire par les gravures qu’avait réalisées le Florentin Baccio Baldini après Sandro Botticelli ; on ne peut rien opposer à cette liste si ce n’est qu’elle daterait les gravures que Mantegna a faites, nombreuses et élaborées, des seize ou dix-sept dernières années de sa vie, ce qui semble bien peu de temps, sans compter que les gravures les plus anciennes rappellent les débuts de son style artistique. On a suggéré qu'il aurait commencé à graver alors qu’il était toujours à Padoue, en recevant l’enseignement d'un orfèvre distingué, Niccolò. Il a gravé environ cinquante plaques, selon le compte habituel ; quelque trente d'entre elles sont généralement considérées comme indiscutables, elles sont souvent grandes, remplies de personnages et remarquablement étudiées. Parmi les principaux exemples on cite des triomphes romains, une fête orgiaque, Hercule et Antée, les dieux marins, Judith avec la tête d'Holopherne, la Déposition de la Croix, la Mise au Tombeau, la Résurrection, l'Homme de Douleurs, la Vierge dans une grotte. Mantegna a été parfois crédité de l'invention importante de la gravure sur cuivre au burin. Cette attribution est difficile à soutenir si on tient compte des dates, mais en tout cas c’est lui qui a introduit cette technique en Italie septentrionale. On suppose que plusieurs de ses gravures ont été exécutées à l’aide d’un métal moins dur que le cuivre. Sa technique et celle de ses élèves se caractérisent par les formes puissamment marquées du dessin, et par les hachures de forme oblique pour marquer les ombres. Giorgio Vasari, dans son ouvrage Le Vite, fait l’éloge de Mantegna, malgré quelques réserves sur l’homme. Il s’est très bien entendu avec ses camarades lorsqu’il apprend le métier à Padoue et conserve des liens solides d’amitié avec deux d'entre eux : Dario da Trevigi et Marco Zoppo. Par la solidité de son goût pour l’Antiquité, Mantegna surpasse tous ses contemporains. Quoiqu'elle se limite pour l'essentiel au xve siècle, l'influence de Mantegna est très nette sur le style et les tendances de tout l’art italien de son époque. Elle est évidente sur les premières œuvres de Giovanni Bellini, son beau-frère. Albrecht Dürer a subi l’influence de son style au cours de ses deux voyages en Italie. Léonard de Vinci a pris de Mantegna les motifs décoratifs avec des festons et des fruits. On considère que l'apport principal de Mantegna est l'introduction de l'illusionnisme spatial, tant dans les fresques que dans les peintures de « Sacra Conversazione » : son influence dans la décoration des plafonds s’est poursuivie pendant presque trois siècles. À partir du plafond en trompe-l'œil de la Chambre des Époux, Le Corrège a développé les recherches de celui qui avait été son maître et son collaborateur dans l’élaboration de perspectives, aboutissant au chef-d’œuvre qu’est le dôme de la cathédrale de Parme.
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