Mon nom est Personne

Fra-ter-ni-tu-de ! Tandis que l'humanité se transforme peu à peu en une vulgaire cohorte de parturientes humant le vieux con usagé, haïssant le vit d'antan, chaque jour où presque, on apprend qu'à côté de chez soi, un homme, sans domicile fixe, dans le froid hivernal, vient de s'ajouter sur la triste litanie des morts de froid. Hélas, cela ne nous étonne plus guère. Je me rappelle très bien qu'il y a quelques mois à peine, on a moqué Ségolène Royal au Zénith, comme au firmament de sa chrétienté de gauche, haranguait la foule de ce que je crois sa sincère "fra-ter-ni-té". Quel homme ! serais-je tenté de m'exclamer... Hélas aussi, je me rappelle les propos d'une pouffiasse de droite, issue des rangs du mieux-pensant des Yvelines (78), une espère de Nadine Morano moins campagnarde, à l'émission de Frédéric Tadéi "Ce soir ou jamais" sur France 3, qui se plaignait que les bonnes gens fassent moins de dons aux "bonnes oeuvres" parce que les impôts son trop élevés en France, devant une petite assemblée d'intellectuels et de chercheurs médusés par des propos aussi ridicules. Quel monde avons-nous construit pour que puisse crever sous nos yeux notre voisin, et au delà de nos regards gênés notre lointain, sans que cela ne suscite, chez la plupart, autre palpitation que l'indifférence la plus absolue ? Je n'ai pas participé à l'édification de ce monde, assurément. Accrochée au bouchot Sarkozy, la moule qui a passé les 30 ans et qui n'est pas encore ménopausée, comprendra-t-elle un jour ce que signifie la Fraternité ? C'est un idéal qui va au-delà des vitrines de Vuitton et de Dior, plus exigeant que la sororité, et plus absolu que la maternité. Jeune homme ou jeune femme, lève-toi, indigne-toi et laisse ton coeur pencher du bon côté. Bouffe ce vieux bout de cordon ombilical fantasmé, regarde ton prochain, et comprends que ta conscience et ton impôt seront les seuls à pouvoir sauver tous les Nemo qui partagent nos vies. Et ton bulletin fraternel dans l'urne...