Je me maintiendrai.

Résister.

Pour paraphraser Guillaume d'Orange (Willem van Oranje, en néerlandais), dont la devise était "Je maintiendrai", alors qu'il défendant son pays contre les assauts de Philippe II d'Espagne, je dis, plus modestement "Je me maintiendrai". Je crois en effet que pour envisager la Résistance au sens large, au sens politique, contre un pouvoir qui ne vous sied point, il faut avoir fait le choix, précisément pour soi-même, de résister, de se maintenir. Alors que cette volonté de "continuer" se solidifie peu à peu pour le plus intime, on peut apprendre à généraliser cette faculté à entrer en Résistance à des épreuves qui vont au-delà de sa propre vie, au-delà de la lutte contre la maladie.

Entre la sphère intime et la sphère "politique", entre son univers le plus intime, et le Monde, il existe bien d'autres sphères, imbriquées les unes dans les autres. Je compte parmi elles, ma vie avec ma minuscule famille, mes relations avec mes amis et mes connaissances, ma vie au travail. C'est évidemment dans cette dernière que les risques sont les plus évidents, et qu'il est nécessaire de savoir résister.

Quel qu'il soit, l'univers du "boulot" est un univers particulier, où il est parfois difficile de se "maintenir" (c'est un euphémisme quand on voit aujourd'hui l'augmentation du chômage), où il est nécessaire de résister. Toutes ces régences au dessus de nous n'ont guère d'autre but que de nous voir devenir productifs, rentables, profitables. Ces régences sont pyramidales et appuient toutes sur nos épaules, depuis le sommet de l'Etat jusqu'à notre supérieur hiérarchique direct. Ces façons qu'ils ont de nous régenter, chacun à sa façon, avec plus ou moins de férocité, dans le secteur privé comme dans le secteur public, en dehors de tout espoir de méritocratie, finit par nous "tuer au travail".

Il faut donc bien, préalablement, avoir pris la décision de "se maintenir", autrement dit de résister. Toutes ces régences qui appuient sur mes épaules, que je le veuille ou non, il faut impérativement y répondre, par des maintiens concentriques, de plus en plus larges. C'est assez complexe, et c'est assez difficile. La preuve se mesure à l'aune de l'hécatombe autour de nous, ces personnes, de plus en plus nombreuses, qui perdent pied, qui lâchent prise, qui ne peuvent continuer face à l'adversité, de se maintenir.

Mourir, certes, mais pas mourir au travail. Je le prends sur moi, non pour moi-même, mais pour tous ceux qui n'en ont plus la force.

Comments

[indelocalisable]

Je suis d'accord, il faut résister pour exister.

http://fr.youtube.com/watch?v=YmGhy6e9H_k