Donne-moi la main

Frères jumeaux. Antoine et Quentin, frères jumeaux de 18 ans, décident, à l'insu de leur père, de se rendre à pied en Espagne afin d'assister aux funérailles de leur mère qu'ils ont peu connue. La route va mettre à nu leurs différences de manière insoupçonnée. Un voyage à travers la France qui se voudrait initiatique et qui dessinerait les différences entre ces deux frères jumeaux, à travers les rencontres qu'ils feront en chemin. J'ai songé à "Drôle de Félix" de Ducastel & Martineau ; j'ai songé à "Gerry" de Gus Van Sant (indépassable) ; j'ai songé à "Itinéraires" de Christophe Otzenberger ; j'ai songé à "Nue Propriété" de Joachim Lafosse. Mais je n'y ai pas perçu ce qu'il convient de rudesse pour retenir toute mon attention. Il est vrai que Pascal-Alex Vincent est un jeune réalisateur, et qu'on perçoit dans son film des élans prometteurs, et une façon de filmer intéressante. Mais l'ensemble, à mon sens, est trop immature pour entrer dans toute la profondeur de ce qu'évoque la gémellité. En fait, il est très probable que "les jumeaux" ne soit pas tout à fait le "bon sujet" qu'on croit tenir. "Donne-moi la main" contient cependant certaines très belles scènes, sachant inverser par moments les rôles de dominant/dominé entre les deux frères. Les jeunes Victor et Alexandre Carril sont très prometteurs, eux aussi, même si souvent il me paraissent avoir dépassé l'adolescence depuis plusieurs années. J'aime beaucoup les films sur les liens fraternels, notamment lorsqu'ils sont très "charnels", c'est à dire lorsqu'on sent qu'il y a une tension forte dans la fratrie. Or ici, le fil se tend et se distend selon un rythme trop aléatoire pour y déceler une progression dramatique suffisante. Au final, malgré ses évidentes imperfections, le film se laisse voir avec intérêt, et le cinéaste parvient à filmer les silences entre les deux frères avec une réelle justesse, tandis que les dialogues sont plus anodins.